"J'ai vraiment souhaité venir à Toulouse pour lever les malentendus et dire très clairement : il n'y a pas d'un côté ceux qui souhaiteraient faire avancer les projets et de l'autre à Paris ceux qui voudraient les bloquer", a prévenu Élisabeth Borne ce vendredi 10 novembre à l'occasion d'un déplacement à Toulouse. La ministre des Transports était très attendue par les élus locaux alors que la nouvelle stratégie gouvernementale en matière de transports pourrait remettre en cause la projet de LGV entre Bordeaux et Toulouse. En inaugurant le 1er juillet dernier la LGV Paris-Rennes, le président de la République avait ainsi affirmé que sa priorité est de se tourner plutôt vers "les transports du quotidien", allant jusqu'à assurer que l'État ne lancera plus de nouveaux grands chantiers de LGV avant l'adoption de la nouvelle loi de programmation sur les mobilités.
"Pause ne veut pas dire remise en cause"
Face à la levée de boucliers des élus locaux, le gouvernement a depuis un peu assoupli son message. "J'ai dit aux élus : pause ne veut pas dire remise en cause. Par contre nous avons changé de méthode. Nous voulons sortir des promesses non financées. 36 milliards de lignes nouvelles ont été promises en France. Il faut s'assurer qu'on soutienne des projets réalisables", martèle Élisabeth Borne.
Début septembre, la ministre des Transports a reçu la présidente de Région Carole Delga et le maire de Toulouse Jean-Luc Moudenc pour écouter leurs propositions en vue de boucler le financement (estimé à 9,2 milliards d'euros). Les élus proposent de dupliquer le modèle de financement mis au point pour le Grand Paris avec notamment une écotaxe et une taxe sur l'immobilier de bureaux. "60% du financement de LGV pourrait être assuré via ces financements innovants", assure aujourd'hui Carole Delga qui a commandé une étude d'un cabinet indépendant pour évaluer ces propositions.
Ces garanties suffiront-elles ? "Je peux confirmer que le gouvernement est tout à fait ouvert aux modalités de financement innovantes comme cela a été le cas pour le Grand Paris pour les autres Régions qui le souhaitent", concède la ministre avant d'ajouter que les propositions des élus du Sud-Ouest constituent "un point positif dans la réalisation du projet". "Nous allons continuer à travailler sur ces propositions de façon à ce que le projet puisse être pris en compte dans la loi de programmation sur les infrastructures que je présenterai au tout début d'année 2018", poursuit-elle.
"Si nous n'avons pas la LGV, nous demanderons à être remboursé"
LGV ou pas LGV à Toulouse, la fin du suspense devrait intervenir au mois de janvier ou février prochain. Mais d'ores et déjà, les élus préviennent : en cas d'abandon du projet, ils demanderont à être remboursé des sommes déjà engagées sur l'arrivée du TGV à Bordeaux. En effet, les collectivités du Sud-Ouest ont participé au financement de la ligne à grande vitesse Tours-Bordeaux à condition que l'État prolonge la ligne jusqu'à Toulouse. "Le Département s'est engagé à verser 68 millions d'euros dans la ligne Tours-Bordeaux. Ce financement est conditionné à la réalisation de la LGV à Toulouse sinon on se demande pourquoi les contribuables de Haute-Garonne ont payé ! Si nous n'avons pas la LGV, nous demanderons à être remboursé", assène Georges Méric, le président du Conseil départemental. Carole Delga insiste : "le contrat que nous avons signé prévoit le remboursement".
Même si l'État confirme le projet, sa réalisation sera fortement retardée. Le début des travaux était prévu pour fin 2017 avec une mise en service en 2024. Mais pour Jean-Luc Moudenc : "le calendrier n'est pas important, l'essentiel est que la ligne se fasse".
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