Aéroport de Toulouse : l'État prépare-t-il la vente de ses parts à l'actionnaire chinois ?

Dans six mois, l'État pourra vendre ses 10,01 % de parts restantes dans l'aéroport de Toulouse, avec la possibilité que l'actionnaire chinois devienne majoritaire dans la plateforme. Le pacte d'actionnaires conclu au moment de la cession entre l'État et Casil Europe pourrait compromettre le front commun mis en oeuvre par les actionnaires locaux.
L'aéroport de Toulouse pourrait connaître un nouveau tournant au printemps 2018.

"On a le sentiment que l'État prépare le terrain pour mettre en oeuvre l'option de vente de ses parts restantes de l'aéroport", estime Pascal Boureau. Le représentant du Conseil départemental de Haute-Garonne au sein du conseil de surveillance de la société Aéroport Toulouse-Blagnac (ATB) s'interroge après les propos tenus la semaine dernière par Bruno Le Maire. Le ministre de l'Économie a été interpellé à l'Assemblée nationale par le député (Modem) de la 2e circonscription de Haute-Garonne Jean-Luc Lagleize sur le devenir de la plateforme aéroportuaire.

Pour rappel, en avril 2015, l'État a cédé 49,99% des parts d'ATB à l'actionnaire chinois Casil Europe. À compter du 18 avril 2018, l'État aura six mois (renouvelable une fois) pour décider s'il met en oeuvre l'option de vente à Casil Europe de ses 10,01% de parts restantes. Avec 60% des parts, l'investisseur chinois deviendrait alors majoritaire au sein du capital de l'aéroport.

 À l'Assemblée nationale, le ministre de l'Économie est loin d'exclure ce désengagement total de l'État :

 "Ce qui compte au final n'est pas de savoir si l'aéroport est public ou privé, mais qu'il puisse avoir de l'activité et des investissements afin de rester moderne et innovant, a répondu Bruno Le Maire à Jean-Luc Lagleize. L'État conserve d'autres moyens d'interventions : les normes, les règles et la distribution des créneaux pour les compagnies aériennes".

Le front commun des actionnaires locaux remis en question par le pacte d'actionnaires ?

Jean-Luc Lagleize juge l'intervention du ministre " intéressante et rassurante dans le sens que l'État souhaite associer les collectivités locales dans ce processus de cession en ouvrant des négociations avec celles-ci, ce qui ne s'était jamais fait auparavant". Les actionnaires locaux qui détiennent les 40 % de capital restant (CCI Toulouse 25 %, Département 5 %, Région 5 % et Métropole 5 %) veulent en effet tout faire pour empêcher cette prise de contrôle de Casil Europe. "Notre priorité est que l'État conserve ses parts. Si ce n'est pas le cas, alors nous discuterons avec lui d'une éventuelle vente de ses actifs aux collectivités locales et partenaires privés locaux. Le prix de vente des 10,01 % doit se trouver aux alentours des 60 millions d'euros", explique ainsi Bernard Keller, vice-président de Toulouse Métropole en charge de l'aéronautique et par ailleurs conseiller régional. D'ailleurs, le groupe socialiste au Conseil régional d'Occitanie devrait présenter lors de l'assemblée plénière un voeu ce vendredi 3 novembre demandant à l'État de renoncer à son option de vente.

Mais ce front commun brandi par les élus locaux est-il seulement réalisable ? Pour Christophe Lèguevaques, l'avocat du collectif contre la privatisation d'ATB, "les propos de Bruno Le Maire ne sont là que pour amuser la galerie. La messe est dite depuis le 4 décembre 2014 via la signature du pacte d'actionnaires entre l'État et Casil Europe qui contraint l'État à voter à chaque fois dans le sens des propositions de l'actionnaire chinois". Mediapart avait ainsi révélé l'existence d'un pacte d'actionnaires où l'État s'engage à voter en faveur des candidats "présentés par l'acquéreur" au Conseil de surveillance, "à ne pas faire obstacle aux décisions prises en conformité avec le projet industriel" et à voter, "sauf pour motif légitime", "dans le même sens que l'acquéreur pour les décisions importantes".

"L'actionnaire chinois a déjà le contrôle de l'aéroport sans être majoritaire en termes de capital", considère Christophe Lèguevaques. De quoi remettre en cause l'initiative de rachat des parts de l'État par les actionnaires locaux ? Bernard Keller ne veut pas y croire : "J'imagine mal l'État s'opposer à la volonté des collectivités locales d'acquérir ses parts". Pour Pascal Boureau, une chose est sûre : le temps presse. "L'agence des participations de l'État (APE) (l'administration publique chargée d'incarner l'actionnaire des entreprises détenues par l'État, NDLR) veut aller au plus vite et pourrait céder les parts dès le mois d'avril prochain. C'est la raison pour laquelle nous avons prévu une réunion des actionnaires locaux sur ce sujet d'ici la fin de l'année pour proposer dès que possible une alternative à la proposition de Casil Europe à l'État".

Un nouveau patron à venir pour l'aéroport

Le printemps 2018 marquera une autre échéance importante pour l'aéroport de Toulouse. Le successeur de Jean-Michel Vernhes à la présidence du directoire de l'aéroport Toulouse-Blagnac devrait alors être désigné. Les actionnaires locaux ont établi un cahier des charges pour sélectionner les candidats : "Le prochain président du directoire de l'aéroport Toulouse Blagnac devra parler couramment le français mais aussi anglais. Ce futur président du directoire devra parfaitement, et je dis bien parfaitement, connaître le code du travail français, et maîtriser parfaitement les rouages de l'administration française. Pour cela, ce profil devra avoir vécu au moins 10 voire 15 ans en France", promet Bernard Keller.

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Commentaires 5
à écrit le 31/10/2017 à 18:23
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Les compagnies chinoises (qui seront encouragées par des subventions !) venant avec des Airbus chinois et des pilotes formés à l’ESMA (créée à Montpellier, rachetée par la Chine et largement délocalisée). Les consommateurs chinois iront chez Fram, ...

le 31/10/2017 à 18:36
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Macron à était élu pour ça et démocratiquement à une trésor large majorité et il applique son programme ou es le problème ....? PS: Je signale que je n'ai pas voté pour lui et vous ?

à écrit le 31/10/2017 à 4:46
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La France est vendue aux étrangers morceau par morceau

le 31/10/2017 à 9:26
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alors que les aéroports font partie des outils stratégiques de n'importe quel pays ou de l'Europe si elle existait

le 31/10/2017 à 18:32
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Les pays étrangers sont vendu à la France morceau par morceau aussi ADP,Vinci,Bouygue achéte des aéroports dans le monde entier aussi et cela ne vous choque pas ?

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