En Occitanie, le bio est-il plus rentable que l'agriculture conventionnelle ?

Classée première région bio de France, l'Occitanie voit ses exploitations se convertir de plus en plus à ce type d'agriculture. Une étude montre que la santé financière des producteurs bio est généralement meilleure qu'en milieu agricole traditionnel.
Il y a de plus en plus d'exploitations bio en Occitanie

Les exploitations de la région Occitanie se convertissent de plus en plus à l'agriculture biologique. C'est ce que révèle l'étude Agri'Scopie 2016, réalisée par Cerfrance, en partenariat avec la Chambre d'agriculture régionale. Classée première région bio de France, l'Occitanie a enregistré une poussée de conversion de 53 % en 2015. Elle compte aujourd'hui 6 495 exploitations agricoles certifiées biologiques (soit 22 % du total national), réparties sur 329 658 ha (soit 10,4 % de la surface agricole nationale totale). Pour rappel, la région accueille  également l'un des leader de la certification bio, Ecocert, dans le Gers.

104 013 ha en cours de conversion vers une agriculture biologique

Sur ces 329 658 ha consacrés au bio dans la région, 68 % sont des surfaces déjà certifiées, alors que les 32 % restants sont actuellement en cours de conversion. Par ailleurs, parmi les 493 distributeurs de la région recensés par l'Agence Bio (Agence française pour le développement et la promotion de l'agriculture biologique), 17 %  sont engagés dans ce type d'agriculture depuis moins de trois ans. Ces chiffres montrent le dynamisme de cette agriculture responsable en France, et plus particulièrement en Occitanie. Dans la région, plus fortes dynamiques de conversion ont été enregistrées dans les départements de la Haute-Garonne, du Gers, de l'Aveyron et de la Lozère.

Le bio, plus rentable que l'agriculture traditionnelle ?

Le rapport Agri'Scopie 2016 de Cerfrance montre que la santé financière des exploitations biologiques est généralement meilleure que celle des exploitations traditionnelles. Ce phénomène est notamment dû à une diminution des charges opérationnelles de type engrais, semence, produits phytosanitaires... Ceci, bien que les exploitations bio supportent des charges de structure supérieures, avec notamment la main-d'œuvre, la mécanisation et la construction. Si la conversion au bio induit également des baisses de rendements, elles sont compensées par les aides.

"La relative stabilité des prix sur le marché bio et la réduction progressive du montant des charges opérationnelles favorisent une plus grande stabilité des résultats économiques sur la durée", précise l'étude qui note en parallèle que la situation financière des exploitations conventionnelles s'est "nettement dégradée suite aux campagnes difficiles de 2013 et 2014", contrairement aux exploitations bio.

"En cas de conjoncture climatique difficile et de conditions de marché conventionnel dégradées, on constate que les systèmes bio résistent mieux grâce à la constance des prix et aux plus faibles charges opérationnelles".

Néanmoins, se convertir au bio n'est pas en soi un gage de réussite économique : "Comme pour les systèmes conventionnels, la maîtrise technique des différentes cultures, l'efficacité de la main-d'œuvre, l'optimisation des charges, une dimension minimale, l'irrigation, la valorisation des productions, sont les principaux facteurs de performance en agriculture biologique".

Essor du bio : quel impact sur les autres acteurs ?

L'expansion du bio en Occitanie implique certes les exploitants agricoles, mais également les opérateurs d'aval, c'est à dire les acteurs économiques qui transforment ou vendent les produits issus de l'agriculture biologique.

"L'agriculture biologique est une économie nouvelle, elle part du producteur qui s'engage, qui change ses méthodes de production, et va jusqu'à l'industriel qui innove et qui envisage l'économie de façon différente", expliquait Philippe Thomazo, directeur général d'Ecocert, en janvier 2017, dans La Tribune Toulouse.

En 2015, on recense 1 226 transformateurs de produits biologiques en Occitanie, soit 12,5 % du total français. Parmi ce panel régional, quasiment la moitié des transformateurs propose des produits de boulangerie-pâtisserie, 23 % se consacrent aux boissons et seulement 5 % travaillent sur les fruits et légumes.

Concernant la commercialisation, plus de la moitié des exploitants agricoles bio de la région favorise la vente directe pour commercialiser ses produits. Pour le reste, 36 % préfèrent la vente en magasins spécialisés et 14 % choisissent principalement la restauration collective. Enfin, 4 % des exploitations agricoles commercialisent leurs produits dans des GMS (grandes et moyennes surfaces).

Lire aussi : Du bio dans les cantines françaises, le pari de la société toulousaine Proxidélice

"Aujourd'hui, vous allez trouvez du bio chez Carrefour, chez Auchan, bientôt chez Leclerc. Mais il y a aussi Biocoop, le réseau de distribution spécialisé de la bio qui ne cesse de s'étendre, vous en voyez partout. Biocoop contractualise avec ses producteurs, développe des réseaux de production locaux et symbolise une nouvelle économique autour de la bio, que ce soit des réseaux de distribution ou des Amaps. Tout ça sort petit à petit de sa niche avec un modèle économique alternatif et des valeurs fortes", ajoute Philippe Thomazo.

À noter que 54 % de la production bio d'Occitanie est vendue dans la région elle-même, 20 % des produits sont commercialisés sur le reste de la France, et seulement 9 % du reste des produits est exporté.

Un découpage départemental hétérogène en Occitanie

Les départements qui accueillent le plus grand nombre de producteurs bio d'Occitanie sont le Gers, le Gard, l'Hérault et l'Aude. De plus, les plus grandes surfaces certifiées bio se trouvent en Aveyron, dans l'Aude, le Gers et en Lozère.
À noter que concernant la culture et l'élevage, la Lozère est le 1er producteur régional de fruits à coque. Les Pyrénées-Orientales sont positionnées dans la culture de fruits frais. Le Gard quant à lui est leader sur le marché des légumes frais, et spécialisé dans l'apiculture. Enfin, le Gers est le 1er éleveur de poulets et de pondeuses, alors que l'Aveyron est le plus gros éleveur régional d'ovins et de bovins.

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Commentaire 1
à écrit le 02/05/2017 à 9:33
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est ce que l'étude tient compte des aides allouées(qui risque même de ne pas pouvoir être honorées...) compte tenue des cours des matières premières depuis 2/3ans, on sait déjà quand on sème que l'on va vendre à perte. il n'y a aucun risque à pass...

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