Pourquoi la classification de l'économie en trois secteurs n'est plus vraiment d'actualité

Va-t-on vers une hybridation accrue entre les secteurs de l'industrie et des services ? C'est la thèse défendue par l'économiste toulousain Gabriel Colletis et le président de la CCIT Philippe Robardey à l'occasion du forum de l'industrie organisé le 30 mars dernier par la chambre consulaire.
Il n'existe plus de séparation stricte entre l'industrie et les services

En 1947, l'économiste anglais Colin Clark établit une théorie de mesure du progrès économique qui deviendra un classique du genre : la classification de l'économie en trois secteurs (primaire pour l'agriculture, secondaire pour l'industrie et tertiaire pour les services).

"Vous avez dû tous apprendre en classe que, lorsqu'un pays se modernise, il délaisse progressivement le secteur primaire pour se tourner vers l'industrie et, enfin, s'orienter vers les services. Selon cette théorie, l'industrie serait un secteur du passé, tout comme l'agriculture, qui serait délaissée. On voit bien aujourd'hui que cette affirmation est complètement démentie", a affirmé l'économiste toulousain Gabriel Colletis, le 30 mars, en ouverture du forum de l'industrie organisé par la chambre consulaire.

Et Gabriel Colletis de citer les exemples européens : "L'Allemagne repose son modèle économique sur l'industrie. En France, l'industrie pèse entre 10 et 15 % du PIB. Mais si l'on ajoute les services associés à l'industrie, alors, ce secteur pèse entre 40 et 45 % de l'emploi marchand. Il faut savoir aussi que l'industrie pèse pour 80 % des exportations françaises ou des recettes de R&D."

forum industrie cci

Le président de la CCI de Toulouse Philippe Robardey le 30 mars en ouverture du forum de l'industrie organisé par la chambre consulaire (Crédit : Rémi Benoit).

Outre la résistance du poids de l'industrie dans la richesse nationale, un autre phénomène bouleverse la traditionnelle classification de l'économie :

"Il n'existe plus de séparation stricte entre l'industrie et les services, nous allons au contraire vers une hybridation entre ces deux secteurs, lance le président de la CCI de Toulouse Philippe Robardey. La modernisation de l'appareil de production nécessite des compétences qui vont au-delà des seules compétences de fabrication. Par conséquent, l'industrie aéronautique mobilise de plus en plus de services (par exemple pour la maintenance ou le service après-vente). Cette tendance est confirmée par le boom de l'écosystème numérique, de l'Internet des Objets. Il faut accompagner cette transition de la filière."

Cette transformation est aussi observée dans le secteur du spatial qui voit fleurir de nouveaux acteurs proposant des services de télécommunications ou d'observation de la Terre, offrant ainsi une complémentarité avec les satellites fabriqués par les fleurons de l'industrie. Airbus Defence and Space a par exemple été sélectionné par OneWeb en tant que partenaire industriel pour la conception et la fabrication d'une flotte de plus de 900 microsatellites, pesant chacun moins de 150 kilos, pour une constellation satellitaire destinée à l'internet. Iñaky Garcia-Brotons, directeur du site toulousain d'Airbus DS observe d'ailleurs : "Nous avons désormais tendance à passer d'une offre de services B2B (business to business) à une offre B2C (business to consumer), nos services ne sont plus adressés à une entreprise mais directement à des consommateurs."

Lire aussi : Un FabSpace pour encourager les startups toulousaines des données spatiales

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