Tourisme : qui de Bordeaux, Toulouse ou Montpellier est la plus attractive ?

Bordeaux, Toulouse et Montpellier comptent parmi les villes les plus attractives de France pour travailler, selon une étude d'octobre 2015. Mais quelle est leur attractivité sur le plan du tourisme ? Quelle stratégie vont-elles adopter pour exister sur la scène internationale ? Explication et comparaison entre les trois métropoles du grand Sud-Ouest.
Les abords de la Garonne à Toulouse.

Bordeaux avec une fréquentation en hausse depuis maintenant 5 ans (et 6 millions de visiteurs en 2015), est la deuxième métropole française en termes d'accueil de touristes. Elle est loin néanmoins de Paris (plus de 16 millions de touristes étrangers en 2015) et encore plus de Londres (17,4 millions de touristes étrangers en 2015). De son côté Toulouse, talonnée par Montpellier, a accueilli 5 millions de visiteurs en 2015.

Pour attirer davantage de touristes, les trois métropoles du grand Sud-Ouest misent sur des stratégies différentes. Toulouse, 4e plus grande aire urbaine de France, Bordeaux (6e) et Montpellier (14e), jouent leur visibilité sur la scène européenne voire mondiale avec des politiques d'attractivité spécifiques. En jeu : des retombées économiques qui se comptent en millions d'euros.

Toulouse : cap sur les familles

Airbus Group, Thales et désormais Sigfox : autant d'entreprises installées autour de Toulouse et qui en ont fait sa renommée. Les nombreux congrès scientifiques et médicaux tels que l'Unapei ou l'ESPCI ont également permis à la ville de séduire 5 millions de visiteurs en 2015. La métropole toulousaine est aujourd'hui clairement marquée par un tourisme d'affaires conséquent.

"Quand Airbus va bien, l'hôtellerie toulousaine se porte bien, résume Didier Arino, directeur de Protourisme (un cabinet d'études parisien spécialisé dans le tourisme). Le tourisme d'affaires représente 75 % du tourisme de la ville. Toulouse est très attractive pour les entreprises, mais elle a accumulé du retard sur les familles en les délaissant. Depuis 20 ans, elle a mis de côté le tourisme d'agrément."

En effet, malgré un taux d'occupation de 63,3 % et 2,6 millions de nuitées hôtelières en 2015, certains directeurs d'hôtels se plaignent du manque de clientèle pendant les week-ends et les vacances. Selon une étude de la CCI Toulouse 31, diffusée au printemps 2015, le prix moyen d'une chambre haut de gamme passe de 100 à 43 euros le week-end. Un tourisme d'agrément sur lequel la ville compte progresser dans les années à venir.

"En ce qui concerne le tourisme d'agrément, nous sentons qu'une forte progression de la ville est possible, explique Sylvie Rouillon-Valdiguié, adjointe au maire en charge du Tourisme à la mairie de Toulouse. L'idée est de créer de vrais produits touristiques à destination des familles, avec des packages."

Pour séduire cette clientèle, peu présente à Toulouse (seulement 25 %) la métropole va mettre en place un label "famille plus". Les offres seront donc plus adaptées aux enfants. Les visites du centre-ville toulousain, par exemple, seront plus courtes ou jalonnées de points d'eau. L'objectif : augmenter la fréquentation de la ville en période de week-end et de vacances.

Une agence d'attractivité du territoire a également été créée en février 2016. Sa mission : le marketing territorial.

"Cette agence doit nous permettre de faire le marketing territorial le plus efficace possible. Elle regroupe toutes les actions en faveur de la promotion auprès des investisseurs et des entreprises, du renforcement du tourisme d'affaires et du tourisme d'agrément", a déclaré le président de la structure, Jean-Luc Moudenc, lors de son lancement en février dernier.

Toulouse souhaite par ailleurs obtenir le label Unesco. Un projet qui s'étend sur une dizaine d'années, mais qui traduit une réelle ambition.

"Le label Unesco est un axe majeur pour le tourisme. Il permettra à Toulouse de rayonner internationalement, souligne Annette Laigneau, en charge de l'Urbanisme à Toulouse et responsable de la démarche de Toulouse auprès de l'Unesco. Les touristes étrangers sont très attachés à l'Unesco. Cela pourrait donc nous permettre d'attirer une nouvelle clientèle."

Une stratégie que confirme Didier Arino, directeur de Protourisme : "Toulouse doit 'mettre en tourisme' ce qu'elle possède déjà : le fleuve, le canal, la Cité de l'espace... Ils doivent en faire des vrais produits touristiques avec de la signalétique, des transports dédiés, de l'événementiel. Les Toulousains doivent prendre conscience de leurs atouts."

Il rappelle également que Toulouse doit réaliser le chemin qu'a parcouru Bordeaux sur ces dix dernières années. En effet, dans la préfecture girondine, les nuitées d'agréments ont doublé en 10 ans.

Bordeaux : booster le tourisme fluvial

Bordeaux surfe sur une année historique. La meilleure destination européenne de 2015 plaît et attire. Le taux d'occupation de ses hôtels a atteint son plus haut niveau (68 %) et sa fréquentation est en hausse depuis maintenant cinq ans. "Nous sommes la première métropole française en matière de fréquentation, sans compter la ville de Paris qui se situe très largement devant", se félicite Nicolas Martin, directeur de l'Office de tourisme de Bordeaux.

La ville s'appuie sur des taux d'occupation d'hôtels relativement élevés pendant les week-ends et les vacances (80 % en août 2015). Un tourisme d'agrément très performant qui compense la baisse de fréquentation durant la semaine ou même durant l'hiver.

"Nous essayons d'organiser de gros événements, tels que Vinexpo (40 000 personnes tous les deux ans) ou encore le Congrès mondial des Transports Intelligents que la ville a accueilli l'année dernière, pour augmenter ce tourisme d'affaires", souligne Nicolas Martin.

Aujourd'hui, Bordeaux a choisi d'appliquer une stratégie bien précise pour conforter son attractivité : promouvoir la ville au sens large. En d'autres termes, l'associer à Saint-Émilion, Cognac ou encore le bassin d'Arcachon.

"Cela n'a strictement aucun sens de ne parler que de la ville de Bordeaux, c'est même absurde. Nous ne sommes pas Paris ou New York, développe Nicolas Martin. Nous n'oublions jamais de replacer la ville dans son environnement. Pour nous, Arcachon est la plage de Bordeaux."

Dans cette optique-là, la ville va s'appuyer, dans les années à venir, sur quatre piliers, dont la Garonne.

"Bordeaux, il ne faut pas l'oublier, est une ville maritime, située sur l'Atlantique, rappelle Nicolas Martin. Aujourd'hui, la vie bordelaise se concentre sur les quais de la ville. Le fleuve représente donc un vecteur très important."

Booster le tourisme fluvial devient donc un facteur primordial pour Bordeaux dans les prochaines années. La ville détient actuellement sept bateaux de croisières, alors qu'il y a encore cinq ans, elle n'en comptait aucun. Et le nombre d'embarcation n'est pas près de diminuer. En effet, la ville prévoit d'en obtenir quinze d'ici à cinq ans.

"Ces bateaux fonctionnent toute l'année avec des départs chaque semaine de Bordeaux, précise-t-il. Les touristes ne viennent pas pour le paysage, mais pour Bordeaux et les vignobles. Cela génère une vraie économie locale toute l'année."

Avec un prix variant entre 1 800 et 8 000 euros, ces croisières fluviales sont un vrai atout pour la ville. Elles ont attiré 50 000 personnes rien que sur l'année 2015. Bordeaux mise donc sur une stratégie fluviale pour améliorer son attractivité.

La ville a par ailleurs choisi d'outrepasser les barrières administratives puisqu'elle travaille avec des châteaux de la Loire ou encore la ville de Cognac pour étoffer son offre.

Montpellier : cibler le tourisme d'affaires

Soleil, plage, mer... Montpellier n'a pas eu besoin de chercher loin pour fonder son activité touristique. Sa proximité avec la mer permet de dynamiser la ville.

"Les touristes vont à la plage la journée et reviennent en centre-ville dans la soirée, énonce Jean-Luc Cousquer, président de l'Office du tourisme métropolitain. C'est un réel plus pour la ville qui souhaite devenir 'la porte du territoire méditerranéen.'"

Lors de l'année 2015, Montpellier a su maintenir une bonne fréquentation grâce à de gros événements : la réception de l'Euro 2015 de basket-ball, dont une partie des matches s'est jouée à Montpellier, ou encore l'organisation du Festival International des Sports Extrêmes (FISE) qui a lieu tous les ans.

"Le taux d'occupation des hôtels de Montpellier est en deçà des villes de Toulouse ou de Bordeaux sur l'année 2015, souligne Didier Arino, directeur de Protourisme. Cependant, le prix moyen d'une chambre à Montpellier reste supérieur à une métropole comparable en taille."

 Des propos confirmés par le graphique ci-dessous.

Dans l'optique d'attirer encore plus de manifestations d'une telle envergure (Euro de basket-ball, FISE), l'Office du tourisme de Montpellier a créé à l'automne 2012 un bureau des congrès chargé de faciliter leur venue.

Montpellier a un objectif, celui de devenir une ville où le tourisme d'affaires est roi. Une cible prioritaire pour la ville de Montpellier depuis déjà quelques années, qu'elle compte aujourd'hui approfondir. La métropole a d'ores et déjà mis en place une charte d'accueil pour les congrès.

"À partir d'un nombre conséquent de personnes, la ville propose un dispositif d'accueil pour les congressistes, indique Jean-Luc Cousquer, le président de l'Office du tourisme métropolitain. Cela va de la signalétique dans la gare ou l'aéroport aux tarifs préférentiels dans les transports en passant par des offres commerçantes."

Actuellement, Montpellier reçoit 1,2 million de congressistes chaque année. Un nombre assez important qui lui permet d'être la sixième ville de France pour ce type d'événement.

"Nous accueillons chaque année plus de 500 meetings d'affaires, commente-t-il. Ce tourisme d'affaires représente 54 % des touristes qui viennent dans la métropole montpelliéraine."

Le tourisme d'affaires représente déjà 55 % du taux d'occupation de l'hôtellerie montpelliéraine (+ 6 % de nuitées sur la ville, + 2 % sur la métropole).

Bordeaux, Montpellier et Toulouse ont décidé d'adopter des stratégies bien distinctes pour attirer davantage de touristes. Une façon comme une autre de se faire concurrence sans se faire de l'ombre.

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