Filière cinéma : "seulement" 250 longs métrages tournés en Midi-Pyrénées en un siècle

Le cinéaste Joël Attard et le journaliste Henri Beulay publient "Clap sur Midi-Pyrénées" (éditions Un Autre Reg'Art), un itinéraire sur les 8 départements de l'ex-région Midi-Pyrénées au fil des 250 films de fiction tournés sur le territoire depuis un siècle. L'occasion pour les deux spécialistes de donner leur vision de cette filière cinéma, trop peu mise en valeur "par manque de volonté politique". Interview.
Le journaliste Henri Beulay et le cinéaste Joël Attard publient "Clap sur Midi-Pyrénées" (éditions Un Autre Reg'Art

À qui s'adresse votre livre ?

Henri Beulay : Clap sur Midi-Pyrénées n'est pas forcément un livre pour les cinéphiles, mais un livre pour les curieux de notre belle région. Le livre est un parcours sur les 8 départements, avec des interviews, des anecdotes et des focus sur tous les films (longs métrages de fiction) qui y ont été tournés. C'est un travail complet, qui n'avait jamais été réalisé auparavant, et qui n'existe pas dans d'autres régions. Il comble un vrai vide car il recense les 250 films tournés depuis un siècle dans la région.

En un siècle, vous recensez environ 250 longs métrages de fictions tournés en Midi-Pyrénées et vous dites que c'est peu. Pourquoi ?

Joël Attard : Il est clair que Midi-Pyrénées pourrait être davantage une terre de tournages par rapport aux exemples des autres régions. Si on fait la moyenne sur trois ans (selon les chiffres de la revue spécialisée Écran total), on compte en moyenne 80 jours de tournage par an en Midi-Pyrénées (76 jours de tournage en 2015 NDLR). À titre de comparaison, c'est 160 en Aquitaine, 160 en Languedoc-Roussillon, 420 en PACA. Au-dessus il y a Rhône-Alpes et bien sûr Paris (plus de 1100).

Quels sont les handicaps de la région ?

Joël Attard : Tout d'abord, il faut savoir que Midi-Pyrénées a été la première région de France, en 1985, à mettre en place un fonds d'aide à la création audiovisuelle. Mais depuis, ce fonds n'a pas beaucoup évolué ! Il représente 1,4 million d'euros par an. En Poitou-Charentes, c'est trois fois plus. Il y a, en Midi-Pyrénées, un vrai problème de volonté politique. Aucune personnalité politique n'a saisi ce sujet comme étant une priorité. Ségolène Royal avait compris que la filière cinéma peut représenter un vrai levier en termes d'emploi. Ainsi, il y a beaucoup d'incitations financières pour tourner en Poitou-Charentes. En Midi-Pyrénées, personne n'a jamais vraiment cru au potentiel de cette filière.

Il y a pourtant quelques personnalités qui ont beaucoup fait pour le cinéma en Midi-Pyrénées...

Joël Attard : Oui, en effet. On dénombre une poignée d'hommes qui se sont saisis de cet enjeu, au premier rang desquels le producteur Daniel Toscan du Plantier : il a été directeur général de Gaumont de 1975 à 1984, puis président d'Unifrance notamment. Il a été président de la Cinémathèque de Toulouse. Il y a aussi Alain Bouffartigues de l'association Ciné32. Un autre personnage incontournable du secteur est Serge Regourd, vice-président de la cinémathèque, professeur de droit public à l'université Toulouse 1 Capitole (et président de la commission Culture au Conseil régional, NDLR). Ces trois-là sont partout. Ils ont fait et font vivre le cinéma en Midi-Pyrénées. Il faut saluer leur action, même si cela peut paraître un peu gênant que les décisions soient concentrées en aussi peu de mains ! Si les élus se saisissaient davantage du sujet, ce serait différent.

Midi-Pyrénées a-t-elle d'autres handicaps ?

Henri Beulay : Non seulement elle n'a pas d'accès au littoral, mais en plus elle est très enclavée. Ce n'est pas pratique de tourner un film en Midi-Pyrénées. Il n'y a pas de TGV.

Pourtant, Midi-Pyrénées est une terre de cinéphiles...

Henri Beulay : Oui, c'est une évidence. Selon le CNC, la fréquentation des salles midi-pyrénéennes en 2014 a atteint 9 millions d'entrées dont 5 millions à Toulouse, c'est un très bon chiffre. On peut l'expliquer par la présence d'un pôle d'étudiants important (100 000 étudiants), des professions "CSP +" (recherche, technologie, aéro...). Il y a aussi une filière qui existe avec l'Esav, les lycées spécialisés des Arènes et de Lavaur, et plus de 50 festivals de cinéma dans la région !

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