Pour le fondateur des FabLab, la FabCity est la ville du futur

De passage à Toulouse pour préparer le FabLab festival qui aura lieu en mai prochain, Neil Gershenfeld, le fondateur des FabLab, a présenté l'étape suivante induite par ce mouvement : la FabCity. À l'image de Barcelone, qui mêle la philosophie FabLab et la Smart City, les villes du futur devront, selon lui, apprendre à produire ce qu'elle consomme.
Neil Gershenfeld

Passer des FabLab aux FabCity, c'est le leitmotiv de Neil Gershenfeld. De passage à Toulouse, samedi 4 avril pour préparer le FabLab festival qui aura lieu du 6 au 10 mai prochain, le créateur des FabLab a développé sa vision de l'avenir des FabLab et de leurs impacts sur les villes devant un parterre de passionnés et d'élus, réunis à Artilect, le premier FabLab français fondé en 2009. Chargé de la Smart city et du numérique, Bertrand Serp, était notamment au premier rang pour écouter ce professeur américain du Massachusetts Institute of Technology.

Investigateur malgré lui en 2001 d'un mouvement qui compte aujourd'hui 500 laboratoires de fabrication de part le monde, Neil Gershenfeld est le premier surpris par l'engouement suscité. "Nous n'avions pas l'intention de créer les FabLab. On en a fait un. Et il y en a 500 actuellement. J'étais très surpris car rien n'était planifié", rappelle-t-il.

Dans ces laboratoires de fabrication imprégnés de la philosophie du DiY (Do it yourself) ou "Fais le toi même", les consommateurs se transforment en producteurs. En clair, plutôt que d'acheter un produit, mieux vaut le concevoir et le produire grâce aux outils numériques mis à disposition des utilisateurs.

Des FabLab à la Fab City

Pour Neil Gershenfeld, cette philosophie doit s'élever d'un cran, dépasser le simple cadre des laboratoires et s'appliquer aux villes entières. Ce concept, dénommé "FabCity", était d'ailleurs au cœur du Fab10, le dernier forum international des FabLab qui s'est tenu à Barcelone en juillet 2014.

En Europe, la capitale catalane est à l'avant-garde sur ce sujet des FabLab et de la FabCity. Le premier laboratoire de fabrication y a été créé en 2005 par Vicente Guallart, l'actuel architecte en chef de la Ville. Ensuite, plutôt que de tout centraliser dans un unique laboratoire, le conseil municipal barcelonais a décidé de mettre en place des FabLab dans tous les quartiers de la ville. "Et, lors du Fab10, Xavier Trias a lancé une opération visant à produire ce que la ville consomme d'ici 40 ans", s'enthousiasme Neil Gershenfeld.

"Ce n'est pas du protectionnisme rétrograde, mais une avancée, argumente le créateur des FabLab. L'économie de Barcelone est basée sur des entrées de marchandises importées de Chine, via le port, et des sorties de déchets liés à la consommation.

À Barcelone, l'idée de la Fab City est de produire localement ce qui est consommé en se basant sur toutes les technologies des FabLab. Au lieu de faire des cités dépendantes de chaînes d'approvisionnement vulnérables aux changements économiques, il s'agit de créer des citées autonomes.

Mettre en place ce projet signifie créer des fermes urbaines pour produire des aliments, récupérer et produire l'énergie, etc. C'est un objectif très difficile à atteindre car cela remet en question les notions de ville et de son fonctionnement.

L'exemple de Barcelone est regardé par d'autres villes. Je sais que Toulouse explore cette voie.

Maîtriser les déchets

Pour Barcelone, l'enjeu est en effet de passer d'un modèle PITO ("product in, trash out"), au modèle DIDO ("data in, data out"), où les déchets seraient pensés comme des ressources pour le fonctionnement des villes. La Fab City sait comment réutiliser ce qu'elle consomme, poursuit Neil Gershenfeld. Cela ne fonctionne pas si la ville reste sur un mode de consommation sans limite des matériaux et de production des déchets. C'est un changement technologique important mais qui est basé sur les technologies du FabLab."

Au-delà de l'objectif lointain de l'autonomie économique, l'intégration des FabLab dans l'infrastructure de la ville a un impact sur l'économie urbaine, selon Neil Gershenfeld :

"À Barcelone, les FabLab font partie de l'infrastructure de la ville. Ils fabriquent des objets qui devraient sinon être acheter ailleurs. Que ces objets soient vendus ou non, ce simple fait change l'activité économique urbaine."

Pour le professeur du MIT, la vente des objets fabriqués par les laboratoires n'est cependant pas une fin en soi. "De nombreux fablab développent des modèles économiques basés sur la vente d'objets qu'ils produisent. Mais, c'est vraiment l'un des impacts économiques les moins intéressants. Les FabLab ont bien plus d'influence sur les usages sociaux, estime-t-il. Les FabLab pourraient aussi être utiliser pour créer des réseau internet sans fil ou des centres de soins, ajoute-t-il. Ou encore pour l'éducation. À Détroit, un Fablab s'occupe de réinsertion infantile et d'adolescents qui ont des problèmes avec la justice, en leur apprenant des compétences pour qu'ils aient une meilleure vie. En Irlande du nord, un fablab mélange des enfants catholiques et protestants."

Et de conclure :

"Pour moi, le simple fait de fabriquer quelque chose plutôt que de travailler pour gagner de l'argent et acheter, est intéressant. Cela revisite les notions de travail et d'argent.

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Commentaire 1
à écrit le 13/06/2017 à 14:15
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La smart city de l'avenir passera par la gestion des déchets... Fixons nous un objectif ambitieux qui traite la gestion des déchets en amont, au moment de la production. Nous voulons une politique zéro déchet dans laquelle tout est valorisé. Fixo...

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