Coup d'arrêt pour l'économie sociale et solidaire à Toulouse ?

La chambre régionale de l'économie sociale et solidaire alerte : à Toulouse, le nombre d'établissements dans l'ESS a connu sa plus forte baisse depuis 4 ans début 2016. Après une progression spectaculaire, les emplois stagnent dans ce secteur qui regroupe coopératives, associations et mutuelles.
Une ruche de la Scop Biocenys est installée dans une entreprise toulousaine

La note est passée inaperçue. Pourtant, le constat dressé en septembre par la chambre régionale de l'économie sociale et solidaire (Cress) est claire : "Le premier trimestre 2016 marque un coup d'arrêt préoccupant pour l'ESS au sein de Toulouse Métropole avec une diminution de 3% d'établissements" soit "la plus forte baisse enregistrée ces quatre dernières années."

L'ESS regroupe un ensemble de structures (coopératives, associations, mutuelles, fondations) qui cherchent à concilier en leur sein utilité sociale, performance économique et gouvernance démocratique. Cette branche de l'économie connaît un essor grandissant depuis une dizaine d'années. Ainsi entre 2005 et 2015, au sein de Toulouse Métropole, l'économie sociale et solidaire a été très dynamique en matière de création d'établissements (+ 17,6 %) et d'emplois (+ 21,5 %), davantage que dans les entreprises classiques (+ 11,1 % et + 18 %). Au total depuis 10 ans, plus de 5 400 emplois ont été créés dans l'ESS, ce qui représente 10,8 % des emplois créés dans le secteur privé.

Néanmoins, la Cress note que "sur la période la plus récente, cette dynamique s'affaiblit". Avant la baisse observée début 2016, la croissance de l'ESS était déjà plus faible entre 2014 et 2015 (avec seulement +0,5% d'établissements supplémentaires). En termes d'effectifs, là aussi "depuis début 2012 (en glissement annuel) la progression de l'emploi est plus importante dans les entreprises dites 'classiques'. La tendance s'inverse par rapport à la fin des années 2000 où l'ESS connaissait une croissance remarquable".

Bientôt un vivier d'emplois avec les départs à la retraite ?

Faut-il s'en inquiéter ? Pas pour Nicole Miquel-Belaud, conseillère déléguée à l'ESS au sein de Toulouse Métropole, également professeure d'économie. "C'est le propre des cycles économiques, il vaut mieux regarder le trend sur une dizaine d'années qui montre une croissance forte de l'économie sociale et solidaire". Autre motif d'optimisme :

"Dans l'ESS, la moyenne d'âge est plus élevée que dans les autres structures privées. On compte ainsi 28,9 % de 50 ans et plus dans l'ESS contre 21,1 % de 50 ans et plus dans le privé hors ESS. Cela veut dire qu'il y aura un vivier d'emplois dans les années à venir pour les plus jeunes avec les départs à la retraite des seniors", assure-t-elle.

À noter que l'étude de la Cress ne prend pas en compte les sociétés commerciales reconnues d'utilité sociale par la loi ESS du 31 juillet 2014, à l'image des startups (non coopératives) qui    optent pour une gouvernance démocratique et reversent une grande partie de leurs bénéfices dans l'entreprise.

Pour soutenir le développement de projets ESS dans la métropole, Toulouse a lancé un incubateur dédiée, Première Brique. Parmi la dizaine de ces projets déjà accompagnés par ce dispositif, on peut citer la startup Alg&You, spécialisée dans la fabrication de microalgues et fondée en 2014 qui compte aujourd'hui six salariés, le projet de supermarché coopératif La Chouette Coop ou le projet de coopérative d'énergie renouvelable Citoy'ENR.

Belle dynamique pour le soutien aux entreprises, vigilance sur l'action sociale

Pour l'instant, on peut distinguer trois secteurs d'activités où l'ESS occupe une place importante sur la Métropole : l'action sociale qui représente 67 % des effectifs du secteur, suivie de la branche culturelle ( 41,5 % des effectifs) et enfin des activités financières et d'assurances (39,6 % des effectifs).

ess

"Dans l'action sociale, le plus gros employeur de l'ESS, on observe la première évolution annuelle à la baisse entre 2014 et 2015, relève la Cress. Les entreprises œuvrant dans les activités diverses de services sont en difficulté : - 1200 salariés entre 2010 et 2015, très majoritairement dans les associations. Le 1er trimestre 2016 marque une légère amélioration".

Dans les secteurs des activités financières et d'assurance, de la santé et de l'action sociale, les effectifs salariés se stabilisent sur les derniers trimestres après une période de baisse démarrée au 3e trimestre 2013. La culture et le sport a connu un ralentissement mais "reste remarquable" (+ 4 % au 1er trimestre 2016). Enfin, c'est dans le soutien aux entreprises que la croissance de l'emploi est la plus forte sur la dernière année (jusqu'à + 21 % au 4e trimestre 2015 et 150 emplois supplémentaires entre 2014 et 2015).

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