Les librairies indépendantes en Midi-Pyrénées, analyse d'une filière

Pour la première fois, une étude conduite par le Centre régional des lettres (CRL) de Midi-Pyrénées donne une image précise du secteur de la librairie indépendante. Elle a été présente lundi 26 septembre au Conseil régional d'Occitanie.
La librairie Privat à Toulouse

Hors grandes surfaces, la région Midi-Pyrénées compte 164 librairies indépendantes. 76 ont été sélectionnées par le Centre régional des lettres de Midi-Pyrénées pour analyser la filière à travers un questionnaire anonyme auquel 88 % d'entre elles ont répondu de janvier 2015 à juillet 2016.

En moyenne, l'ancienne région Midi-Pyrénées compte une librairie pour 46 000 habitants. 28,5 % se trouvent à Toulouse. Quatre types de librairies émergent de cette enquête :

  • La librairie traditionnelle, souvent une librairie papeterie ou une grosse maison de presse que l'on trouve dans des communes de moins de 6 000 habitants. Elles sont éloignées du milieu professionnel régional et souffrent un peu de cette solitude.
  • Les nouvelles librairies généralistes créées dans des petites et moyennes villes à l'initiative d'entrepreneurs ambitieux, qui veulent s'agrandir et se diversifier.
  • Les librairies atypiques et rurales. Souvent à vocation culturelle plus large pour un public curieux et néo-rural. Elles sont fragiles économiquement mais porteuses d'une vrai richesse culturelle.
  • Les grandes librairies qui structurent le paysage.

Libraire et librairie

Collées les unes aux autres, les librairies de Midi-Pyrénées occuperaient 10 000 m2, soit l'équivalent d'un terrain de rugby. En moyenne, leur taille est de 183 m2. Seules cinq d'entre elle dépassent les 500 m2 et une seule - Ombres Blanches à Toulouse - atteint 1600 m2.

Généralistes pour un peu plus de la moitié d'entre elles, les librairies indépendantes vendent principalement de la littérature, des livres jeunesses et de la bande-dessinée. Les sciences sociales occupent la quatrième place de ce classement. En revanche, la vente de livres numériques reste complètement anecdotique dans la région.

"Les libraires sont attentistes sur ce point. 33 % ne souhaitent pas en proposer à la vente, et autant n'ont aucune idée là-dessus", précise Mathilde Rimaud, l'une des enquêtrices.

56 % des librairies n'ont d'ailleurs pas de site internet. 

Avec 38 ans d'existence en moyenne, les librairies de la région sont pérennes. La librairie Deloche atteint même les 86 ans d'existence puisqu'elle a été fondée en 1929 à Montauban.

50 % de ces entreprises ont fait l'objet d'une reprise, comme la librairie Privat à Toulouse. 62 % de leurs gérants actuels indiquent par ailleurs qu'ils veulent transmettre leur magasin. Une question qui se posera dans une dizaine d'années pour 55 % d'entre eux, qui à 55 ans et plus, s'approchent de l'âge de la retraite.

Plus jeune, le gérant type a cependant 38 ans en moyenne. Il travaille 56 heures par semaine et gagne 18 969 euros net par an en moyenne. 16 % d'entre eux travaillent seuls. Les librairies emploient tout de même quatre équivalent temps plein en moyenne, soit 267 emplois au total.

Un chiffre d'affaire meilleur qu'en Aquitaine

Le chiffre d'affaires total des librairies indépendantes de l'ex région Midi-Pyrénées est de 42,8 millions d'euros, dont 44,6 % réalisés par les quatre premières librairies. Par comparaison, les quatre plus petites réalisent 16,2 % du chiffre d'affaires total de la filière. Le chiffre d'affaires moyen est de 534 665 euros mais le chiffre d'affaires médian est de 307 272 euros. "Ce n'est pas si mal. En Aquitaine, c'est 280 000 euros", note Mathilde Rimaud.

Les trois quarts des librairies interrogées affichent des résultats positifs. La marge brute est de 33,5 %, conforme à la profession. Le résultat net atteint en moyenne 2,5 %. "Cela ne permet pas de réaliser des investissements", note l'enquêtrice, qui remarque que les subventions représente 11,8 % des résultats nets.

Encourager les investissements

Encourager les reprises et la diversification, accroître la vigilance sur les petites et les moyennes librairies, former les libraires... l'étude du CRL propose plusieurs pistes pour accompagner le secteur. Parmi ses préconisations, il insiste sur la nécessité de soutenir le développement des librairies en les aidant à investir. "Pourquoi finance-t-on moins la librairie que l'industrie ?, s'interroge Laurent Sterna, le directeur du CRL de Midi-Pyrénées. Une scierie va pouvoir emprunter pour s'équiper d'une machine. Une librairie, non. Nous faisons notre possible depuis trois ans pour convaincre les acteurs et les puissances publiques. Le livre doit être dans le schéma régional économique. C'est un enjeu important."

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