La future Clinique Capio La Croix du Sud, qui vient de dévoiler son nom, fait l'objet d'une fronde

Le sens du timing est parfait. Alors que la future clinique du groupe suédois Capio - destinée à regrouper dès 2017, à Quint-Fonsegrives, la clinique Saint-Jean Languedoc et la Polyclinique du Parc - a dévoilé officiellement son nom hier 20 novembre, un collectif d'opposants, dont fait partie Jean-Louis Lacombe, le PDG de la clinique Saint-Exupéry, lance une fronde. Présentation officielle devant les élus contre communiqué de presse cinglant : le bras de fer est désormais engagé.
La future clinique La Croix du Sud, qui sera implantée à Quint-Fonsegrives

Champagne, petits fours et applaudissements nourris. Près de deux cents personnes se sont rassemblées hier midi, à Quint-Fonsegrives, près de Toulouse, pour découvrir les contours de la future clinique du groupe suédois Capio. L'établissement, qui a dévoilé officiellement son nom - "La Croix du Sud" - est destiné à regrouper fin 2017 la clinique Saint-Jean Languedoc et la Polyclinique du Parc. Un projet d'envergure : 33.000 m2, 175 lits de chirurgie et de médecine, 110 places ambulatoires et pas moins de 29 blocs opératoires. Au total, Capio a prévu d'investir 100 M€ sur le site.

Un projet "novateur"
"Nous travaillons pour les vingt à trente années qui viennent", s'est félicité hier midi Christophe Hammer, directeur régional du groupe, devant un parterre d'élus locaux et de professionnels de la santé. Et d'ajouter : "Nous lançons un projet à la fois novateur, humain, pluriel et inspirant." Un avis partagé par Sveneric Svensson, directeur médical du groupe au niveau européen, qui a fait le déplacement depuis la Suède. "Nous avons confiance en cette nouvelle clinique, confie-t-il. Au cours des dernières années, nous avons beaucoup investi en France, où nous sommes convaincus de pouvoir proposer une véritable solution pour le futur, basée sur une stratégie médicale de qualité."

Une stratégie directement déployée en Haute-Garonne. "Ce territoire représente un tiers de notre activité française, explique Philippe Durand, directeur général de Capio France. Nous souhaitons développer ici un projet d'excellence médicale. Et nous sommes conscients qu'au-delà des soins, les patients sont très attentifs à la qualité des informations que nous leur fournissons, avant, pendant et après leur hospitalisation." La future clinique La Croix du Sud, destinée à prendre en charge 70 % de ses 85.000 patients annuels en ambulatoire, s'inscrit dans une démarche "citoyenne". "Nous générerons 150 emplois dans le BTP pendant les 32 mois que dureront les travaux (qui débuteront au 2e trimestre 2015, NDLR)", précise Philippe Durand.

Du côté des élus, on se félicite des perspectives offertes par ce projet. Bernard Solera, maire de Quint-Fonsegrives, voit déjà dans sa commune "la plus belle porte d'entrée de la métropole". Quant à Jean-Luc Moudenc, président de Toulouse Métropole, présent lui aussi hier midi lors du lancement du projet, il estime que l'établissement va "conforter l'offre de soins de tout le secteur".

"Un projet de bon sens"
Derrière cet enthousiasme unanime, la situation est pourtant légèrement plus complexe. Le projet a déjà pris du retard (lire notre article) et n'a pas été sans susciter certaines interrogations au fil des ans. Ce qu'a d'ailleurs souligné hier midi Jean-Jacques Morfoisse, directeur de l'offre de soins et de l'autonomie à l'Agence régionale de santé : "Ce lancement n'allait pas de soi il y a encore quelques mois. Beaucoup l'espéraient et certains, sans doute, espéraient qu'il n'arriverait jamais. On a longtemps parlé de ce projet de façon passionnée."

Pourtant, l'homme l'assure : "C'est un projet qui relève du bon sens. Une nécessité pour le groupe et les deux établissements toulousains, englués, d'une certaine manière, dans un univers urbain contraint. Il y a toujours un peu de vigilance, voire de suspicion, à travailler avec des groupes financiers. Mais force est de constater que ce projet a réussi à concilier notre projet régional de santé avec la stratégie de Capio."

Un collectif d'opposants se monte
L'unanimité serait-elle désormais parfaite ? Pas si sûr. Car au moment même où Capio lançait officiellement son projet, un communiqué de presse tombait dans les rédactions toulousaines, faisant état de la création d'un collectif d'opposants. Un sens du timing parfaitement revendiqué par les antis. "Ça n'a rien d'un hasard, confirme Jean-Louis Lacombe, PDG de la clinique toulousaine Saint-Exupéry et membre du collectif. On ne voulait pas être oubliés..." Car si le collectif - qui rassemble des patients, des riverains et des représentants du corps médical - vient tout juste d'annoncer sa création, l'opposition, elle, ne date pas d'hier. "Mais le projet traîne depuis tellement longtemps..., soupire Jean-Louis Lacombe. On n'y croyait plus ! Pour nous, ça n'allait pas se faire. Mais avec ce lancement officiel, nous comprenons que les choses se précisent. Nous devions réagir."

"Ce projet est une aberration"
Le collectif souhaite aujourd'hui alerter les responsables politiques et économiques sur ce qu'il considère comme des "risques" liés à la création de la clinique La Croix du Sud. "La clinique Saint-Exupéry, que je préside, jouxte la clinique Saint-Jean Languedoc, rappelle Jean-Louis Lacombe. Notre établissement est indépendant, mais nous travaillons depuis quarante ans en complémentarité, en synergie forte avec cette clinique. Le déménagement de Saint-Jean Languedoc handicapera significativement notre projet médical." Mais, au-delà, c'est toute l'offre de soin de proximité qui serait mise en péril, selon Jean-Louis Lacombe. "Il n'y aura plus d'établissement de soin généraliste sur la rive droite de Toulouse, s'alarme-t-il. Par ailleurs, à notre sens, le site de Quint-Fonsegrives souffrira de réels problèmes d'accessibilité." Sur ce dernier point, du côté de Toulouse Métropole, le conseiller communautaire Daniel Rougé rappelait hier que "le projet de jonction Est (facilitant l'accessibilité au site, NDLR) est inscrit dans le Plan de déplacements urbains".

Jean-Louis Lacombe, qui estime que la future clinique "est une aberration", se dit aujourd'hui "pessimiste". "Que peut-on faire ? s'interroge-t-il. L'idéal serait un regroupement autour de Saint-Jean Languedoc. Mais face à un groupe comme Capio, nous sommes tous petits..."

"Nous discuterons avec eux"
Contacté aujourd'hui, Christophe Hammer, directeur régional de Capio, conteste l'ensemble des arguments développés par le collectif d'opposants. "Beaucoup de choses dites - sur la proximité des soins et l'accessibilité du site, notamment - sont fausses, estime-t-il. Peut-être est-ce par méconnaissance du contenu du projet. Quant à la clinique Saint-Exupéry, nous entendons ce qui est dit et nous sommes ouverts à ce qu'il puisse exister une antenne médicale sur le site actuel de la clinique Saint-Jean Languedoc. Nous discuterons avec eux." Mais sur le fond, l'homme l'assure : "Nous avons un beau projet, soutenu très largement."

Alexandre Léoty
© Visuel AIA Associés

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