Les 40 qui font Toulouse (3/7) : les "grosses têtes"

Ce sont les personnalités les plus influentes de Toulouse. Chefs d'entreprise, élus, chercheurs, décideurs ou entrepreneurs, ils marquent de leur action la vie économique de Toulouse. Ils sont réunis par La Tribune Toulouse dans un trombinoscope inédit, actuellement en kiosque. Troisième volet : les "grosses têtes" du monde universitaire.
Anne Cambon, Bertrand Monthubert, Gilbert Casamatta, Jean Tirole, Chrsitian Desmoulins et Philippe Raimbault

Anne Cambon-Thomsen, chercheuse en génétique et éthique

anne cambon thomsen

©photo Rémi Benoit

Toulouse sera la capitale européenne de la science en 2018, et c'est à Anne Cambon-Thomsen qu'on le doit. Cette généticienne et spécialiste des questions d'éthique a porté avec succès la candidature de Toulouse, qui faisait face à Paris et Lyon. "Je me suis toujours intéressée à l'interdisciplinarité, à la dimension européenne de la recherche et au dialogue entre la science et la société. L'Esof (EuroScience Open Forum) réunit tout cela et va donner une dimension internationale à ma ville natale", se réjouit la chercheuse. Grâce à son action, de 4 000 à 5 000 chercheurs du monde entier seront à Toulouse du 9 au 14 juillet 2018. Médecin de formation, Anne Cambon-Thomsen est entrée à l'Inserm à Toulouse en 1976. En 1985, à 35 ans, elle devient la plus jeune directrice d'unité de cet institut. Trois ans plus tard, elle prend également la tête d'un laboratoire du CNRS dédié aux recherches en immunologie, génétique des populations et génétique épidémiologique. Spécialiste de l'immunogénétique, elle a mené ses travaux sur la diversité génétique humaine et ses enjeux en santé. "Mes recherches ont apporté des éléments à la connaissance de maladies comme le diabète de type 1, la néphrose de l'enfant, la sclérose en plaque et la polyarthrite rhumatoïde. J'ai aussi piloté une étude originale à l'époque sur la diversité génétique en France. Ce sont plein de petits pas qui font avancer", constate-telle humblement.
À la fin de son mandat de direction, elle se penche, à partir de 1998, sur les aspects bioéthiques liées à sa discipline."La transplantation d'organes et la génétique se confrontaient à des dimensions éthiques que j'ai voulu étudier." Membre du Comité consultatif national d'éthique des sciences de la vie et de la santé et du Groupe européen d'éthique des sciences et des nouvelles technologies, elle préside le Comité opérationnel d'éthique en sciences de la vie au CNRS de 1986 à 2011, et aujourd'hui le Comité de déontologie et d'éthique de l'Institut national du cancer ainsi que la société française de génétique humaine.

Philippe Raimbault, président de l'Université fédérale de Toulouse

©photo Rémi Benoit

Élu à 44 ans en juillet dernier pour succéder à Marie-France Barthet à la tête de l'Université fédérale, Philippe Raimbault hérite d'un dossier complexe : la reconquête de l'Idex, un financement de 25 millions d'euros par an, perdu par l'université toulousaine en avril dernier. Depuis son élection, le nouveau président s'est attaché à mettre d'accord les différentes composantes de l'Université fédérale, en se positionnant en "animateur" du débat. Une activité qui n'a rien d'une sinécure puisque certaines universités et écoles veillent jalousement sur leur autonomie. Fin octobre, une feuille de route indiquant comment l'université compte reconquérir l'Idex a été présentée au ministère de l'Enseignement supérieur et au Commissariat général à l'investissement, et le projet finalisé sera présenté mi-janvier. Intimement liée à la reconquête de l'Idex, l'internationalisation de l'université de Toulouse et de meilleurs positionnements dans les classements mondiaux font partie des objectifs de Philippe Raimbault.

Mobilisé sur l'Esof
Né à Tours en 1972, diplômé de l'IEP de Toulouse en 1995, Philippe Raimbault est un spécialiste du droit public. D'abord directeur adjoint de l'IEP, il en prend la tête en 2010, devenant alors, à 38 ans, le plus jeune directeur d'IEP de France. Le dossier du déménagement de la structure l'a beaucoup occupé, les locaux de Sciences Po Toulouse étant vétustes et sous-dimensionnés. Il a également œuvré à rendre la formation toulousaine plus attractive pour les étudiants. Philippe Raimbault participe aujourd'hui à l'organisation de l'Euro-Science Open Forum (Esof) qui aura lieu en 2018 à Toulouse. L'occasion pour le président de l'Université de mobiliser la communauté académique toulousaine autour de cette manifestation où sont attendus plus de 4 000 chercheurs internationaux.

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Jean Tirole, économiste à TSE

©photo Rémi Benoit

Jean Tirole est l'économiste toulousain le plus influent du moment. Inconnu du grand public avant le prix Nobel reçu en 2014, il bénéficiait déjà d'une grande aura dans le milieu universitaire, notamment depuis qu'il avait reçu la médaille d'or du CNRS en 2007. Ce natif de Troyes (en 1953) est polytechnicien, diplômé d'un doctorat en mathématiques de la décision de Paris-Dauphine puis d'un PhD du MIT. Désormais très sollicité, l'économiste a publié un livre de 630 pages intitulé Économie du bien commun qui a rapidement trouvé son public. Un succès éditorial qui renforce, aux yeux de ses détracteurs, son aura de "pape" des économistes dits "orthodoxes". Une catégorisation qu'il réfute et dans laquelle il ne se reconnaît pas. "Appartenir à une école de pensée, c'est arrêter de penser par soi-même", a-t-il expliqué mi-novembre à Toulouse lors d'une conférence qui a rassemblé plusieurs centaines de personnes, dont de nombreux étudiants et lycéens. Installé à Toulouse depuis vingt-cinq ans, Jean Tirole est président de Toulouse School of Economics, actuellement classée dixième centre de recherche en économie dans le monde. Sur le numérique, Jean Tirole estime qu'il faut concevoir de nouvelles réglementations qui tiennent compte des spécificités des plateformes multifaces où de multiples communautés d'utilisateurs interagissent entre elles, à l'image d'AirBnB, Uber ou Facebook.

Lire aussi : Jean Tirole en public à Toulouse : "ce que la recherche en économie a à dire sur la société"

Christian Desmoulins, président du conseil d'administration d'Actia Telecom

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©photo Rémi Benoit

Christian Desmoulins est-il l'homme le plus influent de Toulouse ? Quand on lui pose la question, le président du Cercle d'Oc, ingénieur des Ponts et Chaussées, répond dans un sourire : "Certainement pas." Son CV est néanmoins extrêmement riche, à l'image de son réseau et ce, tant dans le secteur industriel que scientifique : Christian Desmoulins a fondé l'École des Mines d'Albi en 1991 et présidé le directoire du groupe Actia de 2003 à 2014, en s'impliquant particulièrement sur la thématique de la voiture connectée. Né en 1951 à Safi, au Maroc, il préside toujours le conseil d'administration d'Actia Telecom. Il est également administrateur de l'Institut national polytechnique de Toulouse, de l'université Paul Sabatier et du fonds de dotation du CHU de Toulouse. À ce titre, il est impliqué dans le dossier du centre de protonthérapie pour lequel Toulouse est candidate. Également président du comité d'orientation scientifique et technologique de l'IRT Antoine de Saint-Exupéry, Christian Desmoulins est très attaché à la dynamique de rapprochement entre le monde de la recherche et celui de l'entreprise. L'obtention par Toulouse du label Idex (perdu en avril dernier) lui tient particulièrement à cœur.

Gilbert Casamatta, président de l'IRT Saint-Exupéry

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"L'innovation vient de rencontres inattendues." La formule est de Gilbert Casamatta. Elle résume l'action de ce chimiste, né en 1949. À l'Institut de recherche technologique Antoine de Saint-Exupéry, Gilbert Casamatta préside, depuis 2013, 270 personnes et 25 projets technologiques financés à parité entre l'État et les industriels. Dans cette "maison commune" dotée d'un budget de plus de 30 millions d'euros, industriels et laboratoires académiques s'associent pour mener à bien chaque projet de recherche. "C'est une idée originale qui fonctionne et qui permet d'éviter la dissémination sans vision cohérente", explique le président. Rassembleur, Gilbert Casamatta a œuvré au rapprochement entre l'ENSEIGC - l'école d'ingénieurs chimistes qu'il dirige de 1995 à 2000 - et l'ENSCT. Les deux ont formé l'Ensiacet en 2001. Nommé président de l'INP en 2005, il est arrivé aux commandes du Pôle de recherche et d'enseignement supérieur (le Pres) pour s'atteler à un autre rapprochement, celui des trois universités et quatorze écoles toulousaines. Le label d'excellence Idex obtenu, mais en désaccord sur le projet d'université fédérale, il a passé la main en 2012 et se concentre désormais sur l'IRT, un organisme pour lequel il déploie depuis lors ses connaissances en politiques industrielles.

Bertrand Monthubert, conseiller régional socialiste

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Proche du gouvernement, le conseiller régional socialiste de la région Occitanie Bertrand Monthubert a été chargé par Najat Vallaud-Belkacem et Thierry Mandon d'établir un livre blanc de l'enseignement supérieur et de la recherche. Ce document, qui présente toutes les mesures mises en place par le gouvernement en la matière, sera remis dans la première semaine de janvier au Parlement. "Il s'agit de montrer la manière dont le gouvernement s'est emparé des recommandations qui lui ont été faites par le monde de la recherche pour mettre en œuvre un certain nombre de mesures très concrètes", explique-t-il. Fervent défenseur du monde de la recherche, Bertrand Monthubert martèle que "l'enseignement supérieur et la recherche, c'est l'investissement d'avenir par excellence, et c'est quelque chose qui rapporte plus qu'il ne coûte". Il assure aussi que la France "fait partie des meilleures nations" en termes de recherche, même si "rien n'est acquis". Ce mathématicien, brillant orateur né en 1970 à Châtellerault, est arrivé à Toulouse en 1998 pour enseigner à l'université Paul Sabatier, dont il est devenu président en 2012. Militant socialiste, il a fait campagne au côté de Carole Delga pour la région. Élu, il est en charge de l'enseignement supérieur et de la recherche.

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