Après Rosetta, les grands projets du Cnes pour 2016

Après la mission Rosetta qui a tenu en haleine l'ensemble de la planète, le Cnes prépare d'autres missions passionnantes pour 2016. Dans la foulée de la COP21, l'étude du climat aura une place de choix. Le Cnes compte aussi s'ouvrir davantage aux entreprises pour porter des applications à usages "sociétaux". Interview de Marc Pircher, directeur du centre spatial de Toulouse.
Satellite Microscope en essais vide thermique

En novembre 2014, le grand public découvrait Philae, l'atterrisseur de la sonde Rosetta qui est venu se poser sur la comète "Tchouri". Que retient le Centre spatial de Toulouse de l'année écoulée ?

L'aventure de la sonde Rosetta est l'aboutissement de vingt ans de travail de l'Agence spatiale européenne et du Cnes, couronnés par soixante heures extraordinaires pendant lesquelles la Terre a pu communiquer avec le robot Philae, posé sur la comète à plus de 500 millions de kilomètres. Le centre spatial a contribué à cette mission à maints égards.

Désormais, les données recueillies vont occuper l'ensemble de la communauté scientifique pendant de nombreuses années. Il faut maintenant digérer tout ce que l'on sait. Mais il est clair que les mesures effectuées ouvrent la voie à une révolution d'idées sur les comètes. Sa forme improbable, sa densité, sa composition, ses éjections de gaz... ont été des surprises pour nos connaissances actuelles. C'est une grande satisfaction. Et l'aventure n'est pas complètement terminée. Nous allons tenter de poser le véhicule Rosetta sur la comète. Avant qu'elle ne s'y écrase, nous essayerons de recueillir un maximum d'informations sur la comète.

Marc Pircher, directeur du Centre Spatial de Toulouse

Marc Pircher, directeur du Centre spatial de Toulouse © photo CNES/GRIMAULT Emmanuel

Quels sont les autres grands projets pour 2016 ?

Le Centre spatial de Toulouse est toujours lancé dans de grandes aventures scientifiques. On pourra assister cette année à la réalisation du projet Microscope, du nom du satellite où sera testé avec une précision jamais éprouvée auparavant le principe de l'universalité de la chute libre, dit principe d'équivalence par Albert Einstein. Nous pourrions être à l'aube de découvertes passionnantes. C'est le laboratoire Onera qui travaillera sur ces mesures.

En ce début d'année, nous avons pu saluer la mise en orbite de Jason 3, le 3e satellite français de cette famille placé sur orbite grâce au lanceur américain Falcon 9 (SpaceX). Jason est employé à mesurer le niveau global des océans pour mieux comprendre les effets du réchauffement climatique. Il est devenu une référence pour sa précision altimétrique auprès de tous les autres systèmes. On a ainsi appris que le niveau des océans s'élève de 3,3 mm par an. Thales Alenia Space est le maître d'œuvre du satellite qui est intégré à Cannes. Le centre de Toulouse est chargé de la calibration et validation des données, c'est aussi le centre de contrôle.

Et pour les projets à plus long terme ?

2016 sera aussi une année d'arbitrage sur des projets d'avenir. Nous prendrons des décisions sur le projet MicroCarb. Dans la foulée de la Cop21, cet instrument de haute précision (de l'ordre de 1 partie par million) va permettre de mesurer les quantités de CO2 absorbées ou émises sur Terre. Outre le climat, le centre de Toulouse travaille sur le futur instrument d'optique à très haute résolution (THR NG) qui constituera une rupture technologique.

Vous parlez du lanceur Falcon 9 construit par la société privée SpaceX (fondée par l'ancien patron de Paypal). Que pensez-vous de ces nouveaux acteurs du spatial ?

SpaceX est aussi le fruit de la Nasa qui l'a sélectionné par appel d'offres et fait grandir pour assurer une solution de remplacement à la navette spatiale Discovery. Ces industriels apportent des méthodes de travail très différentes aux agences spatiales et permettent de faire potentiellement baisser les coûts des missions spatiales. Nous n'avons pas de partenariats directs mais nous avons travaillé avec eux sur le programme Jason 3.

Plus globalement, quelle place le Cnes accorde-t-il aux entreprises ?

Il est nécessaire pour le Cnes d'aller plus loin que le développement d'infrastructures réalisées avec les entreprises privées. Les industriels européens sont aujourd'hui très bien placés sur le marché mais il ne faudrait pas s'endormir sur nos projets de lanceurs (comme Ariane 6 dont la base de lancement est déjà en construction en Guyane).

Le Cnes entend maintenant travailler en open innovation avec des partenaires de tous horizons. Nous venons d'ailleurs d'ajuster notre organisation avec la création en ce début d'année de la Direction de l'Innovation, des Applications et de la Science (DIA) pour accélérer le développement des applications et de l'écosystème spatial aval.

Dans un souci de créativité, cette entité va porter les initiatives d'innovation et de prospective dans les domaines de la technologie, des systèmes et des usages. La météorologie, la navigation (avec le projet Galileo qui monte en puissance), et la pêche profitent déjà de ce partage de données.

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