À Toulouse, le groupe chinois Huawei assure que la 5G "va changer le monde"

Huawei, fabricant de smartphones chinois pesant 75 milliards de dollars de chiffre d'affaires, veut se positionner sur le marché de la future 5G qui sera "une révolution". Explications avec le président du conseil d'administration de Huawei France, François Quentin. Il était à Toulouse à l'occasion d'un conférence sur le cloud souverain. Entretien.

Huawei est de plus en plus connu en tant que fabricant de smartphones et vient d'ailleurs de lancer son nouveau modèle. Sur quels secteurs est aujourd'hui présent le groupe ?

Nous avons trois grandes activités majeures. En premier lieu, nous travaillons avec les opérateurs télécoms (Orange, SFR, Bouygues) pour leur fournir les équipements et prestations pour leurs réseaux. Ensuite, nous avons des activités à destination des entreprises : cloud, serveurs, routage, wifi, visioconférence... Tout ce dont une entreprises a besoin dans ses opérations de télécommunications et d'informatique. Et, enfin, nous sommes présents sur le marché des smartphones. Ce sont trois secteurs qui se développent très bien. L'entreprise a fait 75 Md$ de chiffre d'affaires en 2016, dont une très grosse majorité hors de Chine. On peut adresser aujourd'hui tous les segments.

Il faut savoir qu'aujourd'hui, les communications d'un tiers de la population mondiale passent par des équipements Huawei. Nous sommes 3e mondial sur les smartphones et numéro un mondial sur l'équipement radio des opérateurs, aussi bien le concentrateur que l'antenne. Huawei est donc présent sur tout le process pour délivrer une communication d'un téléphone à un autre téléphone.

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Ce positionnement est-il une volonté de différenciation vis-à-vis de la concurrence ?

La focalisation de l'entreprise, c'est d'apporter les solutions qui simplifient la vie du client, que ce soit pour un particulier ou une entreprise. C'est cela, le positionnement de Huawei. Mais ce qui nous différencie peut-être des autres, c'est que nous investissons beaucoup dans la R&D. L'an dernière, il y a eu environ 10 M$ d'auto-investissement en R&D, ce qui est une somme considérable.

Comment se traduit cette volonté d'innovation ?

En France, nous avons une grosse activité de recherche avec 4 centres en design, radio 5G, vidéoprocessing et mathématiques appliquées. Il est particulièrement intéressant pour nous d'implanter cette activité en France car il y a de très grands talents, de haut niveau et une infrastructure de recherche de qualité dans notre pays. À cela s'ajoute le Crédit Impôt Recherche.

Toulouse est connu pour ses universités et ses laboratoires de recherche, notamment en sciences. Pourquoi Huawei n'est-il pas présent à Toulouse ?

L'histoire a fait que nous sommes aujourd'hui à Nice, Lyon et Paris et que nous collaborons avec d'autres grandes métropoles, mais pas Toulouse, c'est vrai. Mais quand on grandit, il faut se poser des questions, alors pourquoi pas.

À ce sujet, 5 open labs vont être ouverts en France assez rapidement. Les implantations n'ont pas été décidées, donc Toulouse reste une option.

En quoi consistent ces open labs ?

L'objectif est de continuer les recherches et d'améliorer les travaux, sur la 5G notamment. Nous voulons rassembler l'écosystème pour lui faire découvrir les complexités de la technologie afin que les applications que les acteurs imaginent puissent en profiter au mieux. C'est un lieu de rencontre imaginé dans une démarche gagnant-gagnant. Cela nous permet de connaître les idées nouvelles en termes d'applications et leur intérêt est de comprendre ce que nous faisons en termes de technologie.

C'est un concept que nous avions déjà depuis plus de 10 ans avec les opérateurs télécoms au travers des joint innovation center, qui était des écosystèmes fermés. Au contraire, là, ce sera un lieu ouvert dont le but est d'arriver à des démonstrateurs, des maquettes...

L'Internet des objets est un secteur qui concerne particulièrement Toulouse, avec la présence de Sigfox et de l'IoT Valley. Est-ce un marché sur lequel Huawei a des ambitions ?

Nous sommes très présents sur le marché de l'IoT sous l'angle de la connectivité. Notre métier, c'est de connecter et, à l'autre bout, de traiter les données. Nous ne sommes pas des fournisseurs de solutions IoT mais nous avons des partenariats avec les plus grands, essentiellement sur le transfert des données.

La 5G se présente comme une révolution pour les télécommunications, comme pour de nombreux secteurs. Comment se positionne Huawei ?

La 5G est un terme générique qui recouvre plein de choses. Il recouvre le développement massif de cet internet des objets, parce qu'il va le rendre possible, mais aussi la virtualisation des réseaux, qui se transforment dans leur architecture et, enfin, en termes de radiofréquences, la multiplication des moyens de connexion des usagers. Avec la 2G, 3G ou 4G, vous avez quelques fréquences radio et un système standardisé de raccordement. Demain, il y aura des dizaines de fréquences possibles, voire des fréquences optiques, et des systèmes de raccordement infiniment plus nombreux.

La 5G, c'est un changement de complexité. On fait un pas de côté, on change de monde. Le monde devient plus orienté objet, se virtualise, se standardise.

Avec la 5G, on parle de 10 Gb/s de bande passante, plusieurs milliards de connexions et 1 ms de latence. La norme 5G, c'est 1 ms sécurisée pour l'aller retour des données. Cela demande des architectures techniques complètement différentes. On a tendance à parler davantage des radio mais on oublie cet aspect-là, qui est une révolution.

Pour vous, la 5G, c'est sans aucun doute l'avenir des télécommunications ?

Les clients vont y trouver d'immenses bénéfices car cela va rendre possible l'internet des objets, qui est autre chose que la collecte d'informations. Les acteurs industriels ou les entreprises vont y trouver d'énormes avantages pour leurs processus industriels ou leurs interconnexions. Enfin, les opérateurs vont augmenter énormément leur capacité de raccordement.

Ça commence doucement aujourd'hui. Mais, en 2020, les opérateurs mettront des éléments de 5G en raccordement et, d'ici à 2025-2030, ce sera terminé, le basculement sera fait. Chez Huawei, c'est notre métier. Tous les centres de R&D dont nous parlions tout à l'heure doivent nous permettre d'informer et d'aider l'écosystème pour être à l'heure.

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