Latécoère : débarqué, Frédéric Michelland parle d'un "choc" et défend son bilan

Révoqué par les actionnaires de Latécoère le 12 juillet, Frédéric Michelland, ex directeur général du groupe aéronautique toulousain, avoue son "choc"quand il a appris son remerciement par les actionnaires américains du groupe. Plusieurs jours après, il a décidé de s’exprimer et défend son bilan.
"Quand je suis arrivé, on m'a dit que la seule solution était de vendre Latécoère par morceaux. Je m'y suis refusé." assure l'ex DG de Latécoère

Comment avez-vous appris votre départ ?

J'ai appris que mon départ était imminent et que mon successeur arriverait à l'automne  le 7 juillet (jour de la publication de l'article Latécoère : les fonds d'investissement écartent Frédéric Michelland de la direction sur La Tribune Toulouse NDLR). Ça a été un choc. J'ai pris la tête du groupe en décembre 2013 avant l'arrivée des nouveaux actionnaires. Ceux-ci ont décidé aujourd'hui de nommer leur directeur général, en dépit des bons résultats que mon équipe et moi avions obtenus. Je ne peux qu'en prendre acte.

Les syndicats craignent désormais un démantèlement de Latécoère. Vous aussi ?

Je ne suis plus vraiment en position de m'exprimer sur l'avenir de Latécoère. Mais j'ai le sentiment, au vue du communiqué de presse envoyé la semaine dernière par l'entreprise, que le cap que j'ai fixé est maintenu : engager la société sur la voie du développement en la dotant d'un vrai plan industriel et jeter les bases du repositionnement stratégique dont elle avait besoin pour repartir de l'avant ; en un mot, poursuivre sa transformation (le plan Transformation 2020 annoncé le 7 juin 2016 est maintenu NDLR).

Vous avez pris les rênes du groupe en 2013 et mené une restructuration financière et opérationnelle. Tout ça pour rien ?

Non, pas pour rien ! Quand je suis arrivé en décembre 2013 , Latécoère était au bord de la liquidation, la principale activité du groupe (Aérostrutures) perdait près de 10 millions d'euros d'EBIT par an (bénéfice avant intérêts et impôts). Cette division, dont j'ai pris la direction en plus de mes fonctions de président du directoire, a gagné 16 millions d'euros d'EBIT en 2015. La restructuration financière et la mise en œuvre du plan Boost ont permis de redresser l'entreprise. Ce sont des faits. Latécoère avait besoin d'un vrai projet industriel, elle l'a désormais. Il lui fallait se fixer un nouveau cap stratégique car son seul positionnement en tant qu'assemblier ne lui permettait pas d'assurer sa pérennité. Les attentes des avionneurs avaient évolué, il fallait évoluer avec eux pour rester dans la course. La société devait chercher à offrir à ses clients des solutions plus intégrées, plus modulaires permettant de réduire les coûts de développement en jouant l'intégration structure et interconnexion. C'est la voie sur laquelle nous l'avons engagée. Aujourd'hui les clients de Latécoère sont rassurés, les résultats sont là, cela valait la peine de se battre.

Avez-vous des regrets?

Quand je suis arrivé, personne ne croyait au redressement de l'entreprise et on m'a dit que la seule solution était de vendre Latécoère par morceaux. Je m'y suis refusé. J'ai cherché une autre voie et je suis heureux d'y avoir cru. Mon seul regret est de ne pouvoir conduire la quatrième et ultime étape de mon plan pour Latécoère destiné à inscrire la société, de manière pérenne, dans une perspective de long terme.

Avez-vous prévu de rencontrer Yannick Assouad, qui prendra ses fonctions en novembre ?

Ce n'est pas prévu à ce stade mais je souhaite bonne chance au Groupe Latécoère et à toutes ses équipes engagés dans un défi crucial pour l'avenir de cette belle entreprise.

Qu'allez-vous faire désormais ?

Je vais profiter de la période estivale pour préparer l'avenir. C'est une page importante qui se tourne pour moi. Dans les jours qui viennent, je m'adresserai aux salariés de Latécoère pour les remercier. Je leur ai demandé beaucoup d'efforts au cours des dernières années pour redresser l'entreprise. Je sais que ça valait le coup et je veux le leur dire.

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Commentaire 1
à écrit le 19/07/2016 à 10:54
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Le problème que révèle ce licenciement est que notre pays manque cruellement de fonds de pension tricolore qui pourraient soutenir notre industrie. Au lieu de cela, nous subissons les fonds étrangers qui veulent du rendement pour payer leurs action...

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