"En Afrique, les fablabs poussent comme des champignons"

À l'occasion du Fablab Festival de Toulouse, plusieurs fablabs africains ont fait le déplacement à Toulouse. Sur le continent, les ateliers de fabrication numérique se multiplient et veulent participer au développement économique, social et environnemental dans la région. Rencontre avec Gildas Guiella, cofondateur du Ouagalab, le premier fablab francophone de l'Afrique de l'Ouest.
Gildas Guiella, cofondateur du Ouagalab.

L'ordinateur portable de Gildas Guiella est couvert de stickers Ubuntu et OpenData. Sur le stand qu'il tient au Fablab Festival de Toulouse, il côtoie une confrère belge qui gère un atelier de fabrication numérique à Louvain. Cet ingénieur réseaux et télécoms est l'un des 11 membres qui a participé à la création en 2011 du Ouagalab, le premier fablab francophone de l'Afrique de l'Ouest. Basé à Ouagadougou, la capitale et plus grande ville du Burkina Faso, il illustre l'éclosion des fablabs sur le continent.

Lutter contre l'illettrisme et le chômage des jeunes

"Aujourd'hui en Afrique, les fablabs poussent comment des champignons !", lance-t-il d'emblée. Il en existe désormais au Bénin, en Tunisie, au Maroc, au Mali, en Côte d'Ivoire... Cinq ans après sa création, le Ouagalab compte actuellement plus de 300 membres.

"Nous accueillons beaucoup d'étudiants mais aussi des architectes et des artistes. Nous avons également lancé un programme de formation à destination des personnes illettrées. Il n'y a pas besoin d'avoir fait de longues études pour construire un four solaire", estime l'ingénieur.

Car, au-delà de l'approche innovante, la structure affiche une ambition sociale. Elle veut "accompagner le gouvernement et les autres acteurs dans le processus de réduction du chômage chez les jeunes en leur ouvrant la porte de l'entrepreneuriat social".

Parmi la vingtaine de projets à l'étude, peu d'objets connectés mais beaucoup de serveurs SMS. "Un des projets est de lancer un service SMS pour rappeler aux femmes enceintes leurs rendez-vous médicaux. Certains villages sont très éloignés des médecins et, en Afrique, les femmes ont beaucoup de tâches quotidiennes et n'ont pas toujours le temps de s'occuper de leur santé", détaille Gildas Guiella. Par ailleurs, une autre startup veut lancer un service SMS à destination des agriculteurs les plus reculés pour qu'ils puissent alerter les acheteurs du prix et des quantités des récoltes et mieux négocier le prix du marché.

L'autre grand pionnier africain est le Woelab. Initié au Togo en 2012, ce lieu accueille et incube une dizaine de projets de startups. Son projet phare est W.Afate, la première imprimante 3D "Made in Africa" fabriquée entièrement à partir du recyclage de déchets informatique et qui a remporté en 2013 un prix de la Nasa. De son côté, le Ouagalab veut donner une seconde vie aux ordinateurs en les reconditionnant dans des bidons en plastique pour ensuite les distribuer dans les écoles primaires.

Symbole de cette multiplication de fablabs, parmi les 10 fablabs étrangers annoncés au Fablab Festival, 7 d'entre eux venaient d'Afrique. Beaucoup sont francophones, ce qui a donné l'idée à Claude Soria, le coordinateur de l'événement, d'envisager à terme un réseau d'entraide francophone des fablabs en incluant les structures belges et africaines. Lancée officiellement cette année, le RFFLabs est pour l'instant réservé aux fablabs français.

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