Comment le nouveau directeur du CHU de Toulouse va défendre le dossier protonthérapie

Raymond Le Moign dirige le CHU de Toulouse, le 4e de France, depuis février dernier. Ce proche de Marisol Touraine se défend d'avoir une "ligne directe" avec le ministère de la Santé, mais il est bien placé pour défendre le dossier de protonthérapie. Le dialogue social et le retour des comptes à l'équilibre constituent aussi sa feuille de route pour l'hôpital. Interview.
Raymond Le Moign dirige le CHU de Toulouse

Quel parcours vous a mené à la tête du CHU de Toulouse ?

J'ai eu un parcours à la fois particulier et assez classique. J'ai commencé ma carrière au centre hospitalier régional d'Orléans comme directeur adjoint en charge des affaires médicales, puis au CHU de Nantes. J'ai ensuite rejoint la Haute Autorité de Santé et j'étais, depuis 2013, directeur adjoint en charge de la santé au ministère de la Santé, auprès de Marisol Touraine.

Votre nomination à la tête du CHU de Toulouse a-t-elle été une bonne nouvelle ?

Oui car mon objectif professionnel, c'était d'être directeur de CHU ! Arriver ici est un retour au terrain et à la vraie vie et cela montre que ce n'est pas incompatible avec le fait de réfléchir aux politiques de santé. Et puis Toulouse est une agglomération très dynamique.

Concernant la situation financière du 4e CHU de France, votre prédécesseur Jacques Léglise espérait un retour à l'équilibre en 2016-2017. Y parviendrez-vous ?

Le CHU de Toulouse est l'un de ceux qui a le plus investi ces cinq dernières années. On a enregistré 1 milliard d'euros de dépenses si l'on met bout à bout le chantier de la psychiatrie, la construction de l'hôpital Pierre-Paul Riquet et le bâtiment urgence réanimation médecine à Purpan. À ce jour, donc, l'hôpital est endetté, mais cette situation était attendue. Pour 2015, nous prévoyions un déficit de 15 millions d'euros et ce sera un peu plus. Le retour à l'équilibre se fera donc plutôt à horizon 2018.

Pourquoi le déficit est-il plus important que prévu ?

Pour plusieurs raisons. Tout d'abord, nous avons pris possession d'un nouveau bâtiment et nous avons dû faire face à des charges d'exploitation et de maintenance plus élevées que prévu.

Ensuite, une partie des recettes attendues n'a pas été réalisée en dehors du champ de la santé. Par exemple, au niveau des opérations foncières. Nous avions prévu en effet de vendre le site de Casselardit en 2015. Si cette opération est actée, le projet a été reporté en 2016 et cela s'en ressent sur le bilan.

Vous restez quand même optimiste ?

Oui, d'une part car cette situation n'a rien d'illogique par rapport à nos derniers investissements et, d'autre part, parce que le CHU a beaucoup d'atouts.

Nous n'aurons pas de gros investissements patrimoniaux à réaliser dans les prochaines années et l'activité du CHU est en augmentation. Elle a progressé de 4 % en 2015. Enfin, en 2016, nous prévoyons des cessions d'actifs sur la totalité du CHU qui devraient nous rapporter entre 2,5 et 4 millions d'euros.

Le CHU a connu des mouvements de grève répétés ces derniers mois, quelle est votre relation avec les syndicats ?

J'ai été responsable du dialogue social au ministère, alors je ne pense pas pouvoir être taxé de ne pas être à l'aise avec le dialogue social. J'ai rencontré les syndicats, je leur ai fait part de ma vision et eux de leurs critiques et de leurs attentes. Cet hôpital a, de notoriété, une activité sociale assez répétée avec des mouvements de grève fréquents. Je ne porte aucun jugement sur le passé, mais je dis simplement qu'à l'avenir il faudra savoir s'écouter : que la direction puisse entendre les demandes et que les syndicats acceptent d'entendre les contraintes.

Autre sujet, la candidature de Toulouse pour accueillir l'équipement de protonthérapie et une compétition engagée avec Montpellier. Les trois années passées aux côtés de Marisol Touraine vous aident-elles à mieux défendre ce dossier ?

Je suis toulousain, je n'ai pas de bureau à Paris, ni de ligne directe avec le ministère !

Mon avantage, pour défendre ce projet, c'est que je connais bien le plan cancer dans lequel s'inscrit le projet de protonthérapie. Le dossier de Toulouse présente un énorme avantage, c'est que l'État a choisi d'investir ici autour de l'Oncopole. Et, dans ce projet originel, une place est déjà réservée pour accueillir l'équipement de protonthérapie. Autre avantage : Toulouse bénéficie de la mobilisation des élus, industriels, publics, privés, chercheurs autour de ce dossier. Si le projet montpelliérain est remarquable, le dossier toulousain l'est encore plus.

Au point qu'un comité baptisé "Toulouse excellence santé" a même été lancé l'année dernière au sein du CHU. Approuvez-vous ce genre de démarche ?

Ce comité vit sa vie aujourd'hui en dehors du CHU. Il a vocation à décrire la cartographie précise de l'offre de soins de Toulouse et de sa région ainsi que les liens avec les industriels. Très peu de régions sont en mesure aujourd'hui de disposer d'une telle photo. C'est un travail bluffant et intelligent qui livre une carte de visite des professionnels de santé de Midi-Pyrénées.

L'appel à projet pour ce centre de protonthérapie tarde cependant à être lancé. Avez-vous une idée du calendrier ?

Cet appel à projet dépend réellement de la mise en œuvre du plan cancer 2014-2019. C'est donc une décision qui se prend en dehors des échéances politiques. De même, un nouveau président va être missionné fin avril à la tête de l'Institut national du cancer, ce qui pourrait faire avancer les choses. Je ne connais pas la date de l'appel à projet, mais vraisemblablement dans les tous prochains mois.

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