La venue de Pierre Gattaz à Toulouse chahutée par 300 manifestants contre la loi Travail

Près de 300 personnes se sont rassemblées contre la loi Travail ce jeudi matin à Castelmaurou (près de Toulouse) où le président du Medef Pierre Gattaz participait à un événement du syndical patronal. Lancé à l'appel des syndicats et du collectif Nuit Debout, ce mouvement a pris la forme d'une manifestation de "faux patrons". Pierre Gattaz a dénoncé de son côté "le détricotage" de la loi El Khomri et prévenu qu'il pourrait sortir des négociations. Reportage et diaporama photo.
300 manifestants étaient rassemblés à Castelmaurou où se tenait l'événement organisé par le Medef

Katia est salariée à la CPAM mais, ce jeudi matin, elle a revêtu un costume-cravate, une petite moustache et fume le cigare. Cette Toulousaine de 32 ans fait partie des quelques 300 manifestants réunis à l'appel des "Patrons du Cac 40 solidaires du gouvernement" (PS) devant le domaine de Preissac à Castelmaurou. Cette manifestation parodique lancée par les syndicats et le collectif Nuit Debout visait à railler la venue du président du Medef pour une conférence organisée par le syndicat patronal sur "la solitude du chef d'entreprise".

"Nous avons organisé ce comité d'accueil pour que Pierre Gattaz se sente moins seul", lance Katia.

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Katia, 32 ans, s'est grimée en patron pour la manifestation (Crédit : Rémi Benoit).

À quelques mètres, deux jeunes diplômées brandissent une pancarte "Moins de Medef, plus d'ISF": "Nous avons voté Hollande en 2012 en pensant qu'il y aurait un changement énorme", estiment Mélina et Maud, déçues par le gouvernement. La première a décroché un service civique après son master d'histoire : "C'est un peu subi car je gagne 574 euros par mois pour 26 heures de travail par semaine."

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Les manifestants ont tenté de bloquer les voitures venues assister à la conférence (Crédit : Rémi Benoit).

Les syndicats (CGT, Sud) étaient également présents. Pauline Salinger, déléguée CGT à l'hôpital Purpan, affirme déjà subir l'assouplissement du Code du Travail : "À l'hôpital, nous avons parfois des journées de douze heures et des temps de repos pas toujours respectés avec le risque de faire une erreur médicale." Vers 9h, les manifestants ont organisé une assemblée générale des Patrons Debouts sur le modèle de la Nuit Debout "avec un temps de parole calculé selon la cotation en bourse". Plutôt bon enfant, le rassemblement s'est déroulé dans un climat plus tendu quand les manifestants ont tenté de bloqué les voitures des chefs d'entreprises voulant entrer dans le domaine pour assister à la conférence.

"Inadmissible" pour le Medef 31

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Philippe Robardey, président du Medef Midi-Pyrénées, Pierre Gattaz, président du Medef et une centaine d'autres chefs d'entreprises participaient à l'événement (Crédit : Rémi Benoit).

Tant bien que mal, 150 des 250 chefs d'entreprises inscrits ont pu assister à la conférence, parmi lesquels Philippe Robardey, président du Medef Midi-Pyrénées, André Benhamou, vice-président de l'UIMM Midi-Pyrénées, ou Frédéric Carré, président de la Fédération départementale du bâtiment et des travaux publics.

"Ce qui se passe ce matin est inadmissible", a réagi Pierre-Marie Hanquiez, le président du Medef 31. Le président national Pierre Gattaz a expliqué de son côté "comprendre et partager le combat de ces jeunes pour l'emploi" mais, dans le même temps, il a affirmé sur le ton de la métaphore que "si on insulte la graine, elle reste graine et elle ne peut pas pousser".

Pierre Gattaz demande à François Hollande de "tenir le cap"

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Pierre Gattaz, président du Medef, en plein discours devant les chefs d'entreprise (Crédit : Rémi Benoit).

Devant la presse, Pierre Gattaz a précisé sa position sur la loi Travail :

"La première version du texte allait dans le bon sens mais la V2 et la V3 le détricotent, notamment avec la suppression du plafonnement des indemnités prudhommales. Nous pouvons décider dès la semaine prochaine de sortir des négociations mais si nous prenons cette décision, le Medef aura les autres organisations patronales avec lui. Nous allons néanmoins tout faire pour sauver le texte El Khomri. Dans la troisième version du texte, il y a eu quelques avancées sur le plan de la complexité des démarches. Le texte précise le nombre de trimestres de baisse d'activité nécessaire pour qu'une entreprise puisse réaliser un licenciement économique."

Alors que François Hollande doit participer ce jeudi soir à l'émission "Dialogue citoyen" sur France 2, Pierre Gattaz a demandé au président de la République de "tenir" sur cette réforme :

"Il faut poursuivre dans cet esprit de 'ni gauche, ni droite' (prôné par Emmanuel Macron lors du lancement de son mouvement 'En Marche', NDLR), ou le 'J'aime l'entreprise' scandé par Manuel Valls. François Hollande va devoir tenir sur cette réforme du travail devant l'Assemblée nationale. Il faut imposer un cap pour les 5 à 10 années à venir."

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