Bilan estival : pourquoi Midi-Pyrénées n'a pas attiré les touristes cette année

La plus forte chute de fréquentation touristique cet été revient à... Midi-Pyrénées ! Malgré une bonne météo et une croissance des nuitées étrangères, 13 régions françaises sur 22 sont en baisse, et cette chute atteint entre 4% et 5% selon les types d'hébergement pour Midi-Pyrénées selon l'organisme Protourisme. En cause : un déficit d'image suites aux inondations du mois de juin, et la baisse de pouvoir d'achat en France, Espagne et Italie. Le haut-de-gamme tire son épingle du jeu.
Cahors, Grand Site de Midi-Pyrénées, tire son épingle du jeu grâce à son festival de blues

De moins 4% à moins 5% ! La baisse de la fréquentation dans les établissements de Midi-Pyrénées est "très importante" cet été selon Didier Arino, directeur de l'organisme Protourisme (qui a interrogé 840 hébergeurs en France, représentant 2 millions de lits dans les campings, résidences de tourisme, hôtels, gîtes, villages vacances, etc.)

Malgré une campagne de communication à grande échelle, la région a connu une saison laborieuse. "La faute à pas de chance", pour Didier Arino, selon qui la région subit une triple sanction : les inondations du mois de juin, la baisse de la clientèle espagnole, et la dépendance aux agences de voyage en ligne.

Les inondations du mois de juin
Le site de Lourdes pèse énormément dans la fréquentation globale de Midi-Pyrénées et les inondations du mois de juin, qui ont ravagé le site, ont eu un impact "en termes d'image" selon Didier Arino. "Les touristes ont pensé que les hébergeurs étaient en incapacité de les accueillir, et, ne connaissant pas forcément bien leur géographie, ont pensé que toute la région était touchée par les inondations." Tous les modes d'hébergement sont touchés par la baisse de la fréquentation, "même les campings", précise Philippe Guérin, président du Comité Régional de Tourisme (CRT).

La rareté de la clientèle espagnole et italienne
En France, Protourisme observe une croissance des nuitées étrangères de 3%. Midi-Pyrénées, pourtant, n'en bénéficie pas. "La région est dépendante de la clientèle espagnole et italienne qui représente 30% des nuitées étrangères. La baisse du pouvoir d'achat dans ces deux pays a des conséquences en Midi-Pyrénées mais aussi dans le pays basque", analyse Didier Arino. Un point positif est relevé par Philippe Guérin : "le fréquentation de la clientèle chinoise progresse de 25% à 30%, c'est une très bonne nouvelle".

Par ailleurs, la baisse du pouvoir d'achat des Français conduit à des séjours plus courts, sur de plus courtes distances et souvent décidés à la dernière minute "et les touristes se dirigent vers les activités gratuites et désertent les restaurants", regrette le président du CRT. "Midi-Pyrénées est très dépendante de la clientèle française", complète Didier Arino.

La dépendance aux agences en lignes

Les petits établissements sont victimes de la montée en puissance des OTA (Online Travel Agency) "qui prennent des parts de marché importantes, explique Didier Arino, de 12% à 18% sur une réservation. Malheureusement, pour être référencés sur Internet, passer par ce type d'agences est devenu presque incontournable pour les hébergeurs." Le syndicat hôtelier UMIH a d'ailleurs saisi mardi 2 juillet l'autorité de la concurrence afin d'y dénoncer certaines clauses abusives des contrats liant les hôteliers et les OTA.

"Midi-Pyrénées" n'est pas une marque
"La Vendée est une marque, Bordeaux est une marque, la Bretagne est une marque. Mais Midi-Pyrénées n'est pas une marque." Malgré la campagne de communication lancée à la télévision sur les Grands sites de Midi-Pyrénées, Didier Arino souligne le manque de notoriété de la région en termes de tourisme. "Les campagnes de communication ont un impact proche de zéro, ajoute-t-il. Qui décide d'aller en vacances dans une destination qu'il a vu dans un spot tv ?" Si le directeur de Protourisme remarque que "la campagne de publicité menée par la région est une bonne base", elle ne suffit pas selon lui, à se démarquer dans un secteur ultra-concurrentiel. Philippe Guérin tempère de son côté ces affirmations : "le Viaduc de Millau, Toulouse, Albi et même Rodez ont du succès".

Ceux qui tirent leur épingle du jeu
Bonne nouvelle tout de même pour la ville de Toulouse, qui a "bien résisté" selon Didier Arino, surtout pour le secteur haut-de-gamme. Des propos confirmés par Philippe Guérin, "sauf pour la restauration" regrette-t-il. Un souffle apporté dans la Ville rose par le tourisme d'affaires, comme le confirme Didier Vincent, directeur du Crowne Plaza, place du Capitole. "La clientèle loisirs a baissé de 30%, et la clientèle affaires a augmenté de 20% pour un taux d'occupation de 65% environ fin juillet". Sur toute la saison, la fréquentation de cet hôtel 5 étoiles est restée stable par rapport à 2012 "mais nous avons été pénalisés par les travaux place du Capitole et, surtout, nous ne pouvons pas faire évoluer les prix, en raison de la baisse du pouvoir d'achat."

Les villes où est passé le Tour de France, comme Bagnères-de-Luchon, s'en sortent également, de même que les festivals comme Marciac et Cahors qui ont également "très bien marché" selon le président du CRT.

Sophie Arutunian
© photo Rémi Benoit

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