La Matinale. François Pérol, Groupe BPCE : "Il y aura d'autres chocs financiers et économiques dans la zone euro"

Président du directoire du Groupe Banques Populaires Caisses d'Épargne (BPCE), François Pérol était ce 15 mai l'invité de la Matinale Objectif News - Caisse d'Épargne Midi-Pyrénées. En présence de 130 personnes, répondant aux questions d'Emmanuelle Durand-Rodriguez (Objectif News) et Paul Lauriac (Groupe ESC), il a évoqué la crise européenne, le prêt de 1 000 milliards de la Banque centrale européenne ainsi que le financement des collectivités locales.
François Pérol, président du directoire du Groupe BPCE

Lors de cette Matinale organisée au Casino Théâtre Barrière, le président du directoire du Groupe BPCE a abordé de nombreux sujets allant de la crise au quotidien de ses clients. Il a tenu dès le début à rappeler que BPCE est un "grand groupe bancaire coopératif décentralisé (...) qui est la propriété de ses clients". Le mot "prudent" a souvent été employé par le président du directoire pour qualifier les activités du groupe. Sa non-cotation en bourse lui permet de « ne pas subir la forte pression du court terme et de travailler dans la durée pour accompagner l'économie le plus longtemps possible ».

François Pérol a évoqué la perte de courtage de deux milliards d'euros subie par la banque JP Morgan Chase, annoncée il y a quelques jours. « Il y a une grande différence entre le patron de Morgan Chase et celui que je suis. Il se bat contre la limitation des activités spéculatives des banques et moi pour la limitation voire l'interdiction de la spéculation des banques », a-t-il affirmé.

Le président du directoire du Groupe BPCE n'a pas éludé la question des 1 000 milliards prêtées par la Banque centrale européenne (BCE) pour le refinancement des banques. François Pérol juge cette opération nécessaire : « Nous avons utilisé cette ressource en décembre 2011 pour sécuriser notre financement. Cette période correspond à des incertitudes sur la zone euro, des difficultés de financement des banques européennes. Nous nous sommes dits : c'est une ressource qui va être notre filet de sécurité. » François Pérol a souhaité replacer ce prêt dans son contexte. « Nous l'avons utilisé pour un montant qui en valeur absolue pourrait paraître important mais qui, rapporté à ce que sont nos engagements, est tout petit. C'est un pourcentage de 2, 3 points de la totalité de nos engagements. »

Pour le président du directoire, « comme nous sommes prudents, tous les jours notre trésorerie est excédentaire. Chaque jour nous allons placer à la Banque centrale européenne notre excédent de ressources. Et tant mieux, car je préfère ne pas être dans la situation de certaines banques qui, pour des raisons de mauvaise gestion, doivent aller chercher tous les jours des financements sur les marchés ». Il conclut sur ce point de manière ferme. « S'il faut expliquer, rendre des comptes sur la façon dont on utilise cet argent, je suis prêt à le faire. »

"Nous ne pouvons pas tout faire"

François Pérol est revenu sur la crise. « Il y aura d'autres chocs financiers et économiques dans la zone euro. Les montants échangés sur les produits dérivés n'ont plus de rapport avec les montants physiques. Ce n'est pas possible que ceci n'ait pas un effet structurel sur la stabilité des marchés financiers. Une banque comme nous doit être le plus solide possible. En 2009, nous disposions de 23 milliards d'euros de fonds propres, aujourd'hui nous sommes à 50 milliards. »

Sur la question de la dette grecque, le dirigeant estime que l'exposition du Groupe BPCE n'est « pas très importante », à hauteur de « 87 millions d'euros sur la dette de l'État et à 50 millions d'euros sur le système financier ». Il n'estime pas opportune une sortie du pays de la zone euro : « Cela n'apporterait pas grand chose à l'économie grecque et à la zone euro. »

François Pérol s'est également opposé à la proposition de François Hollande de doubler le plafond du livret A pour financer le logement social.« Cela ne va pas générer d'épargne supplémentaire, ça va transférer l'épargne en provenance de supports fiscalisés vers un support défiscalisé », a t-il commenté.

Concernant le financement des collectivités locales, « nous avons simplement décidé de stabiliser nos encours, on ne sait pas prendre la place de Dexia qui a beaucoup déserté ce marché. Je plaide depuis deux ans pour que la Caisse des Dépôts mette en place une enveloppe auprès des collectivités locales. Nous voulons continuer à accompagner ces collectivités mais nous disons que nous ne pouvons pas tout faire. Bâle III n'est pas qu'un problème de banquiers. Si les règles ne sont pas modifiées, nous aurons du mal à continuer à financer les collectivités locales ».

Wilfried Pinson

© photo Rémi Benoit

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